Le rapport 2023 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), publié aujourd’hui, soulève des questions cruciales sur la gouvernance et la transparence de trois entreprises extractives sénégalaises, PETROSEN, MIFERSO, et SOMISEN. Ces sociétés, bien qu’essentielles au développement du secteur extractif du pays, semblent fuir les exigences de transparence et de responsabilité, notamment en ce qui concerne la gestion des prêts et la lutte contre la corruption.
Le rapport révèle que, à la date du 31 décembre 2023, PETROSEN, la compagnie nationale pétrolière sénégalaise, n’a pas fourni de détails sur les prêts qu’elle a accordés ni sur ceux qu’elle a reçus. Cela inclut l’absence d’information sur les montants, les durées, les taux d’intérêt, ainsi que les garanties associées à ces prêts.
Cette situation va à l’encontre des recommandations fondamentales de l’ITIE, qui stipule que les entreprises doivent rendre publiques ces informations, non seulement pour renforcer la transparence, mais aussi pour permettre une meilleure gestion des fonds publics. Le rapport souligne aussi l’importance de suivre, de manière périodique, les paiements en cours sur le principal restant dû et les intérêts associés.
Cependant, PETROSEN, bien qu’elle dispose d’un code d’éthique et de transparence, n’a jamais publié ce document, ce qui soulève des interrogations sur l’engagement réel de l’entreprise à appliquer ces principes. La société semble ainsi faire preuve d’un manque de transparence qui pourrait compromettre la confiance des citoyens et des investisseurs.
Le rapport ne s’arrête pas là. MIFERSO, une autre entreprise clé dans le secteur minier sénégalais, ainsi que SOMISEN, n’ont pas communiqué publiquement sur leurs politiques de lutte contre la corruption. Pourtant, dans un contexte où les ressources naturelles sont un terrain propice à la corruption, ces informations sont cruciales pour garantir une gestion éthique et responsable des ressources du pays.
Les experts estiment que l’absence de divulgation sur ce sujet est une grave omission, qui soulève des doutes sur la manière dont ces entreprises gèrent les risques liés à la corruption. Cette situation pourrait avoir des conséquences sur la réputation des entreprises, mais aussi sur l’image du Sénégal à l’échelle internationale.
0 zéro informations publiées par PETROSEN sur les prêts accordés ou reçus au 31 décembre 2023.
0 zéro politique de lutte contre la corruption rendue publique par MIFERSO et SOMISEN. 2.6.2.4, La norme ITIE qui oblige les entreprises à fournir des données sur les prêts, les montants et les paiements, ignorée par PETROSEN.
Les experts soulignent que la transparence financière et la lutte contre la corruption sont des piliers essentiels pour assurer une gestion durable des ressources naturelles. Sans une divulgation complète et régulière de ces informations, le pays risque de perdre en crédibilité sur la scène internationale, et la confiance des citoyens dans la gestion des richesses extractives pourrait se fragiliser.
Pour un spécialiste de la gouvernance des ressources naturelles, ces manquements soulignent un problème plus profond. Le secteur extractif est un enjeu de développement crucial pour le Sénégal. Ces informations ne sont pas seulement nécessaires pour la transparence, mais elles permettent aussi de s’assurer que les retombées économiques bénéficient réellement à la population et non à quelques acteurs privés.
L’ITIE appelle à une action immédiate de PETROSEN, MIFERSO et SOMISEN pour publier des données détaillées sur les prêts, incluant les montants, les durées, les garanties et les paiements en cours. Pour rendre publiques des politiques de lutte contre la corruption claires et complètes, comprenant des engagements fermes et des mécanismes internes de contrôle.
Si ces recommandations sont suivies, elles pourraient représenter un tournant pour le secteur extractif sénégalais, avec des pratiques plus transparentes et responsables. Mais sans une réponse rapide et concrète des entreprises concernées, le Sénégal pourrait risquer une nouvelle perte de confiance, tant au niveau national qu’international.
Le rapport ITIE 2023 sert ainsi de catalyseur pour repenser la gestion des ressources naturelles au Sénégal. L’avenir de ces ressources, et en grande partie l’avenir économique du pays, dépendra de l’action qui sera prise suite à ce constat alarmant.
Zaynab Sangaré