Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), par la voix de son président Mamadou Ibra Kane, a salué dans un communiqué la mémoire du défunt fondateur du groupe Sud Communication, Babacar Touré, “un exemple de rigueur morale et professionnelle” qui a largement contribué dans le pluralisme médiatique et la stabilité politique et sociale.
“Dimanche 26 juin 2020, tombait la triste nouvelle de la disparition de Babacar Touré, président du Groupe Sud Communication. C’est la perte d’un immense homme pour sa famille, la presse sénégalaise, la Nation tout entière, mais aussi pour l’intelligentsia africaine”, peut-on lire.
Le président du CDEPS ajoute que “Babacar Touré est non seulement un pionnier pour la presse sénégalaise, mais il a aussi été un exemple de rigueur morale et professionnelle pour tous ses confrères”.
Le rôle pour la presse sénégalaise
Son action combinée à celle d’autres journalistes “ont permis l’alternance dans les médias au Sénégal jusque-là dominés par la pensée unique du parti-Etat”. “Ce sont ces germes de la pluralité dans la presse qui ont ensuite permis les alternances politiques en 2000 et 2012. C’est cette pluralité dans la presse qui nous vaut aussi la stabilité politique et sociale au Sénégal”, écrit Mamadou Ibra Kane.
Selon lui, Babacar Touré “a été le confident de tous ses confrères pour lesquels il n’a jamais été avare de conseils, voire des fois des remontrances”.
“Artisan de la création du Conseil des Diffuseurs et Editeurs de Presse du Sénégal (CDEPS), le patronat de la presse pleure l’un de ses plus illustres membres. C’est un homme d’une grande stature qui disparaît et c’est tout le Sénégal et toute l’Afrique qui en sont orphelins”, lit-on encore dans ce communiqué.
L’autre expérience de l’homme
Babacar Touré, ex-président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et fondateur du groupe de presse Sud Communication, est décédé dimanche à Dakar à l’âge de 69 ans. Surnommé BT par certains confrères, selon ses initiales, il a dirigé le CNRA de 2012 à 2018, en remplacement de la magistrate Nancy Ngom Ndiaye.
Après avoir travaillé à plein temps pour le groupe Sud Communication, Babacar Touré publiait de manière épisodique ses analyses, éditos et chroniques dans Sud Quotidien depuis plusieurs années.
La formation
Diplômé en 1979 du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), l’institut de journalisme de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, il avait fondé le groupe Sud Communication (privé) en 1986. Il commence alors par éditer le journal Sud Hebdo, qui deviendra Sud Quotidien plus tard.
En 1994, le groupe Sud Communication ouvre la première radio privée du Sénégal, dont la cérémonie d’inauguration a eu lieu en présence du chef de l’Etat sénégalais de l’époque, Abdou Diouf, et de certains de ses homologues de la sous-région.
L’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC), une école de formation de journalistes installée à Dakar, est également une création de son groupe de presse.
Titulaire d’une maîtrise de sociologie et de sciences politiques, de diplômes de journalisme et de communication, et d’un certificat de maîtrise d’anglais, Babacar Touré est ensuite admis au concours d’entrée au Cesti, dont il sort en même temps que Mamadou Koumé, le directeur général de l’Agence de presse sénégalaise de 2000 à 2009.
Né en 1951 à Fatick (centre), il a travaillé au quotidien Le Soleil avant de poursuivre ses études aux Etats-Unis d’Amérique, d’où il est rentré pour intégrer l’ONG Enda Tiers-Monde. Il fonde ensuite Sud Hebdo avec d’anciens collègues du journal Le Soleil, dont Abdoulaye Ndiaga Sylla, feu Ibrahima Fall, et Sidy Gaye.
Il a fait des études également à l’Institut français de presse, puis au Centre de perfectionnement des communicateurs africains de l’Université de Montréal (Canada), au Michigan State University et au Kansas State University (Etats-Unis).
Le syndicaliste
Babacar Touré fut membre fondateur de l’Union nationale des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (UNPICS), qui deviendra plus tard le SYNPICS, le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal.
Il a exercé de nombreuses fonctions dans des institutions sénégalaises, africaines et en dehors du continent.
L’homme d’affaire
Homme d’affaires et grande figure de la presse sénégalaise, il fut membre du Conseil économique et social du Sénégal, du bureau de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal et du National Democratic Institute for International Affairs.
Il a été membre du conseil d’administration de l’Institut Panos, du Collège des conseillers africains de la Banque mondiale, et coprésident de la Conférence ministérielle Afrique/Etats-Unis, avec Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’Etat américaine.