Dieu, merveilleux dans son silence de maître absolu, fidèle à Lui-même, fidèle à nous, nous isole puis nous parle. J’ai ressenti au plus profond de ma chair que le pardon nous rapproche de Lui. Un bouclier, voilà ce qu’Il est pour nous!
Que me vaut cet honneur!
Mon coeur bat si vite et sans relâche, quelque part dans le monde, je suis lynché à la vitesse de l’insecte qui atterrit sur la peau de l’homme, lui suce tout son bonheur et lui file toute sa colère. J’ai choisi en ces circonstances, le pardon face à la haine!
Que me vaut cet honneur!
Quand subitement tu vois mon nom célébré, mes gestes salués! Tu deviens pâle, en jetant ton dévolu sur mon humble personne, sans jamais, à mon égard, me dérouler le tapis du bien et la couette de la tendresse, pourtant, des états que je te souhaite en permanence. En réalité, qui défies-tu en adoptant une telle attitude? Dieu ou moi? Qu’ai-je même fait pour être placé au cœur de ta colère?
Tu veux me voir souffrir certes, mais malheureusement, tu ne me verras point dans cet état, car j’ai décidé de me tenir debout, dignement, comme ce baobab centenaire, quel que soit le degré de ta haine, me tenir debout à tout prix.
Tu comptes pousser le bouchon aux extrémités de la cruauté et je compte aller me loger au fin fond du bonheur, sans jamais prêter attention que quelque part dans cet univers, un homme me hait, d’une haine viscérale.
Que me vaut cet honneur!
En ces matinées où sont dressés devant moi le silence de Dieu et sa clémence en de multiples actions. Mes bras ne seront jamais baissés car je ne te procurerai point un tel plaisir, ni te donner l’opportunité de tracer mon sort hors champ de mon destin. Tu as la gâchette facile à l’heure de me calomnier, je te pardonne tes excès et rends grâce à Dieu de m’y avoir éloigné. Et tu n’as, pourtant, jamais quitté mon viseur, j’ai pénétré les dérives de ta vie, mais jamais je ne croiserai la haine quand ton nom sera étalé sur des places de lynchage. Car pour moi, en chaque être vit le bien. Le mal rode autour de nous mais ne vit pas en nous, en chacun d’entre nous, résonne la miséricorde de Dieu.
Quand mes yeux croisent ton regard, ils sentent la chaleur de la haine qui y émane, tes veines sont aux aguets, ton visage se froisse, tes narines s’ouvrent, tu es excité de me voir couler, et de voir ma vie se briser, car pour toi, ton bonheur réside dans mon malheur, et pourtant rien ne serait plus beau de voir nos deux bonheurs se croiser et converger. Change alors de cap. Pourquoi veux-tu vraiment me faire souffrir? J’ai la force de supporter tous tes pièges, car ma foi en l’Ineffable porte le poids des coups que je reçois de toi, aussi lourds soient-ils, je vis dans la compassion avec en bandoulière l’endurance.
Que me vaut cet honneur!
D’être celui que tu haïes le plus! Je ne savais pas que mon bonheur te faisait si mal. Alors, pardon d’avoir réveillé ta colère. Pardon quand ceux-là qui m’aiment te provoquent en me célébrant. Pardon de me placer à chaque fois sur les rives de ta quiétude. Pardon si tu ne me portes pas dans ton coeur. J’aurai tant aimé que m’aimer soit la sève qui arrose ton cœur et nous lie jusqu’au paradis. Je veux être ton bonheur, non ta douleur, ni ton malheur, ni même ta colère
Pardon que je sois toujours au cœur de tes pensées, pardon d’avoir fait jaillir ta rage, pardon, ô pardon d’avoir torpillé tes plans, destinés à me faire couler, pardon de ne pouvoir répondre à tes attaques, pardon quand j’outrepasse tes règles, pardon de mon silence, je ne cherche qu’à faire la paix avec toi, quoique tu sois un de mes pires ennemis. Je ne me lasserai jamais de te tendre la main, ni de t’envoyer le sourire, car pour moi, chaque être mérite mon sourire. En réalité, tu n’es pas en colère contre moi mais en décalage avec les lois de la nature. Alors persiste à les creuser afin de me rejoindre dans le cercle des bienheureux, car tu y as, grande une place !!!
Je dédie cette réflexion à toutes celles et à tous ceux qui usent du pardon pour avancer. Vous êtes, croyez-moi, sur le bon chemin.
Sheikh Alassane Sène