Dakarmidi – Les avocats de Mbaye Touré, gérant de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, ont plaidé mardi la relaxe pure et simple pour leur client, co-prévenu dans l’affaire de malversation présumée visant l’édile de la capitale sénégalaise Khalifa Sall et dont le procès se tient depuis le 14 décembre dernier.
M. Touré « a toujours travaillé de la même manière avec trois maires », ont fait valoir ses avocats lors de leur plaidoirie devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar, chargé de la conduite du procès du maire de Dakar.
Mbaye Touré, gérant de la caisse d’avance, « a travaillé avec trois maires, Pape Diop, Mamadou et Khalifa Ababacar Sall durant 25 ans. Il a toujours travaillé de la même manière », a soutenu Me Papa Leyti Ndiaye, l’un de ses avocats.
« En quoi les fonds politiques étaient contraires à la loi ? », s’est interrogé Me Ndiaye, avant d’ajouter : « Tout le monde savait que les 30 millions francs CFA était remis au maire chaque mois. Mbaye Touré a toujours compris que ces fonds politiques étaient à la disposition du maire qui pouvait en user de façon discrétionnaire. La caisse d’avance, c’était des fonds politiques », affirme l’avocat, tranchant un débat qui continue d’opposer les deux parties à ce sujet.
Les avocats des prévenus et de Khalifa Sall en particulier assurent que l’affaire dite de la « caisse d’avance » de la mairie de Dakar relève d’une affaire politique, le pouvoir ayant par ce biais l’intention d’éliminer selon eux un adversaire politique potentiel candidat à la présidentielle 2019.
Le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, ainsi que les avocats de la défense n’ont eu cesse de marteler que cette affaire relève du droit commun et tient à un détournement de fonds, disent-ils.
Mbaye Touré, un des co-prévenus de Khalifa Sall, est également poursuivi pour détournement de deniers publics, faux et usage de faux, escroquerie et blanchiment d’argent.
« Tout le monde savait dans cette galaxie que c’était des fonds politiques. Effectivement, il y avait un habillage pour justifier la caisse d’avance. Si les percepteurs n’ont rien fait, les autres prévenus également n’ont rien à se reprocher », explique son avocat.
Selon Me Papa Peyti Ndiaye, « Mbaye Touré est responsable mais il n’est pas coupable, car il n’y avait aucune intention morale dans +cet usage centenaire+ qu’il a trouvé à la ville de Dakar ».
Pour Me Boubacar Kane ; un autre avocat du régisseur de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, cette affaire est « un dossier éminent politique. Pourquoi l’Etat du Sénégal n’a pas poursuivi les maires Mamadou Diop, Papa Diop, et pourquoi pas ne pas remonter jusqu’à l’indépendance, quand on parle de deniers publics ?’’, s’est-t-il interrogé.
« Ce sont des poursuites sélectives. Mbaye Touré m’a dit, quand je lui ai rendu visite, qu’il n’avait pas bouffé un seul sou des 1, 8 milliard de francs CFA. Mon client remettait en intégralité les 30 millions au maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Cet argent ne lui était pas destiné’, assure Me Kane.
L’association de malfaiteurs, chef d’inculpation visant M. Touré, « suppose une attente’’, avance M. Kane. Et de se demander, dans le cas de son client : « Qu’est-ce qu’il a facilité, quels sont les actes qu’il a prémédités ».
« Il a trouvé un usage, une coutume sur place, il n’a pas commis aucun acte coupable à part obéir à son employeur, le maire de Dakar », a-t-il poursuivi, estimant que « le blanchiment d’argent ne trouve pas sa place dans cette procédure ».
« S’il n y a pas de détournement ni de blanchiment, ces hommes réclament justice’’, a conclu l’avocat de Mbaye Touré.
La rédaction avec APS