Dakarmidi – La loi instituant le parrainage, par l’Assemblée nationale votée le 19 avril 2018 et promulguée par le Président de la République, a connu un début de mise en œuvre ce lundi 27 août 2018 avec la rencontre tenue à la Direction générale des Elections du Ministère de l’Intérieur pour la remise des documents relatifs au parrainage.
Mais au vu de ce qui s’est passé au cours de cette rencontre qui a enregistré cent(100) candidats à la candidature dont les dix-sept(17) sont partis avant la fin de la réunion et n’ont donc pas encore été enregistrés parmi ceux ayant officiellement reçu les formulaires, il est fort à craindre que l’élection présidentielle de février 2019 soit une élection parrainée de couacs.
Le premier constat qui saute aux yeux, c’est qu’on risque de dépasser largement la barre des 100 candidats à la candidature, ce qui aura pour conséquences directes une gestion quasi impossible de la vérification des parrains quel que soit le mode opératoire qui sera choisi, qu’il soit électronique ou manuel.
En effet, aucune commission n’est en mesure de vérifier près de 66 820 signataires avec les prénoms et nom, la circonscription électorale d’inscription, la signature, le numéro de la carte d’électeur et le numéro d’identification de la carte CEDEAO pour en moyenne 100 candidats à la candidature dans un délai d’un mois, c’est-à-dire du 26 décembre 2018, date limite de dépôt des candidatures au 26 janvier 2019, 29 jours avant l’élection du 24 février 2019, comme prévu par l’article L 121 de la loi N° 2017-12 du 18 janvier 2017 portant Code électoral.
En outre, si le nombre de candidats à la candidature dépasse 100, serait-il pertinent d’exiger, comme le préconise la loi, 0,8 % à 1 % des électeurs inscrits dans le fichier électoral si on sait qu’il y aura plusieurs candidats qui auraient des difficultés à trouver le nombre de parrains requis, pour « pénurie » de parrains ?
Cette situation est lourde de dangers car elle favorisera l’achat de conscience et la corruption, compte tenu du fait que la demande sera nettement supérieure à l’offre.
Si on ajoute le fait que certains candidats, pour ratisser large et sécuriser ou neutraliser un potentiel électoral important, chercheront à élever la barre très haut en inscrivant beaucoup plus qu’ils en auraient besoin. Par exemple un candidat peut se fixer comme objectif d’inscrire 1 000 000 de parrains sur ses formulaires, même s’il sait, à priori qu’il n’aura besoin que de 66 820, tout le reste sera un stock mort non utilisable par les autres candidats.
La « pénurie » de parrains va aller en s’accentuant parce que dès lors qu’un électeur aura déjà parrainé un candidat, il ne prendrait plus le risque de signer pour un autre sous peine d’encourir les sanctions prévues par la loi.
A cela s’ajoutent d’autres questions de fond comme la disponibilité des cartes d’électeurs.
Etre inscrit sur le fichier électoral est une chose. Mais disposer de sa carte d’électeur en est une autre et entre les deux le fossé est très grand, beaucoup d’inscrits ne disposant pas encore de leur carte.
L’autre question soulevée par les partis d’opposition est la rupture dans le traitement égalitaire des candidats.
L’opposition ne dispose pas encore du fichier électoral qui, à coup sûr, est entre les mains de la majorité.
Les informations contenues dans le formulaire de collecte des parrains ont été mises à la disposition des partis d’opposition simplement à partir de la rencontre d’hier, ce qui ne semble pas être le cas pour la majorité.
Cette opposition continue toujours à réclamer à cor et à cri une personne neutre pour la gestion des élections.
Tout ceci n’est pas pour faciliter la reprise du dialogue entre elle et la majorité qui n’entend pas changer Aly Ngouille Ndiaye à moins de six mois de l’élection.
Toutefois, comme voudraient le faire penser certains, cette inflation de candidats à la candidature ne saurait en aucune façon justifier la pertinence et l’opportunité du parrainage dont la loi votée dans la précipitation est en train de montrer les limites objectives de son caractère exécutoire.
En effet, on croit s’être donné toutes les assurances nécessaires pour limiter les candidats à la présidentielle alors qu’aucun garde-fou n’est pris pour limiter les candidats à la candidature.
Tout Sénégalais peut aujourd’hui se lever et aller récupérer le formulaire de collecte sous prétexte qu’il est candidat.
En effet, beaucoup de personnes malintentionnées seraient tentées d’aller à la course aux parrains sans avoir ni l’intention ni l’envergure de se présenter à la présidentielle.
Leur cynique motivation serait simplement d’engranger des parrains qu’ils chercheraient à monnayer auprès des candidats sérieux.
Pensez-vous qu’ un prétendant sérieux à l’élection présidentielle puisse aller lui-même récupérer le formulaire jouant en même temps le rôle de coordonnateur national et de candidat à candidature ?
Parmi les 87 semblants candidats à la candidature déclarés hier, j’ai dénombré 8 cas d’espèce et il y en aura encore et encore.
Ne fallait-il pas au moins prendre des mesures conservatoires comme exiger le dépôt de la caution de 30 000 000 de F CFA dès la course aux parrains ?
En tout cas on n’est pas encore sorti de l’auberge avec tout le désordre que va installer cette campagne électorale de 6 mois qu’on aurait pu épargner notre pays pauvre et très endetté qui a plus besoin de travailler que de manigancer.
Tout ça pour ça !
Honorables députés le 19 avril 2018 n’aura servi à rien sinon « à déshabiller St Pierre pour habiller St Paul. »
El Hadji Abdou WADE dit Mara.
La rédaction