Une poésie fine adressée au sol qui l’a vu naître, Passy. Le jeune journaliste Papa Ibrahima Diassé s’est essayé en poésie par le souvenir, la prose et un peu d’acrostiche. Sa flamme pour Passy, il a voulu la partager avec les lecteurs, comme si son cœur n’était plus apte à contenir seul cet amour si grand.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Passy est une commune du département de Foundiougne, région Fatick. Ville carrefour à cheval entre Kaolack et la Gambie et aussi Sokone et Foundiougne. Son activité principale c’est l’agriculture mais il se particularise par son grand marché hebdomadaire qui a lieu tous les samedis et qui regroupe des gens venus de partout au Sénégal et des pays de la sous région.
Nichée donc au cœur du Sine Saloum, la ville de Passy qui regorge d’énormes potentialités économiques a été créée en 1906 par le guide religieux Mamour Ngatane Touré.
Sa propension s’est vite amorcée et elle polarise de nos jours plusieurs villages dont
les plus proches sont Diombering Keur Ali Gueye, Santie Passy, Keur Mamadou Fatouma, Bandoulou, Tianda, Niassene, Dianka Ali, Keur Oumar, Keur Malao, Keur Bacary.
Il compte quatre quartiers à savoir Santhiaba, Escale, Léona, et Ndramé Mapathé. Les villages de Keur Ngagne, Keur Moumine, et Darou Ndiayène sont rattachés au quartier Escale.
Ensemble découvrons cette belle poésie, symbole d’un Sénégal fort, assis sur une belle histoire, qui retrace la dignité et la fierté de son peuple en ses traits identitaires.
Passy, mon amour
Cœur saillant, je dresse ces pagnes subtilement tissés, aux couleurs vives et discrètes à Passy, au visage ensoleillé,
Par ton air sec tu as séché nos larmes, par tes pas silencieux tu as parlé à mon enfance, innocent mon regard, inconsciente ma démarche, jeunesse mon ombre, taquinant un pan de mon existence.
L’appel du muezzin si fertile a rempli mon cœur de bénédiction et m’a éloigné de toute malédiction.
À Passy, j’ai appris la vie, à Passy, j’ai dompté mes angoisses, à Passy j’ai compris la patience
La nuit mêle son parfum au calme de nos vérandas, ces cours royales tapissées de tes feuilles de manguiers à l’aube, mouillées.
Le silence de tes rues brave le chant des oiseaux nocturnes, qui psalmodient à deux rythmes Ndiombato et Gandoul sous l’œil de Laga Ndong
Passy,
Le soleil avait fini de bercer l’aurore à ses transitions, son coucher fut merveilleux, les coqs le chantent suivant la mélodie de nos libertés diurnes que le crépuscule brisera par l’appel de nos mères qui veillent sur nous, enfants fragiles qui taquinent régulièrement les actes suicidaires.
Le soleil s’est caché au fond de ce nuage d’un bleu pâle par crainte de se faire gronder,
Ô mère
Sur ce petit lit d’hôpital, tu m’as vu naître, tes bras tremblants me tenaient, ton regard massait le mien, ta sueur issue de 9 mois de voyage, si lourds, se déversait sur moi comme de fines gouttes qui m’ont rendu la grâce.
Elle [la grâce] m’a murmuré à l’oreille que ma nourriture était prête depuis tes cuisines, son cuisson avait été ordonné par le Maître Suprême
À peine le souffle retrouvé, dans ce terroir des secrets aux pas sacrés, dans une atmosphère nacrée aux visages ocrés,
Je respire profondément le même air qui se propage dans tes tréfonds, soleil de ma vie, où vit ma passion sans scission
Et à tout jamais je supplie l’amour au nom de mes entrailles de vaincre les barrières et de convaincre Passy d’accepter ma flamme, à elle, déclarée
Tu es ce miroir poli qui m’a permis de voir le monde, de le connaître sans la moindre nostalgie, je caressais tes contours, les vautours s’étaient éloignés de tes terres, à mon tour de te câliner sans aucun détour, ô Passy, mon amour!
Tu es la marque de mon identité scellée,
Le secret de mes origines, fier de les retracer
Le code génétique enfoui au fonds de mon être, être debout au fond de cette pièce, les mains posées au bout de cette table, mon cœur parle d’amour, et à jamais, renie la haine dans toutes ses coutures. Me voici libre!
Je venais de fouler le sol à son bon endroit
Sous ton regard indulgent, timide et altruiste, je compile ton histoire, un corps heureux qui creusait les tourbillons, les bouillons de Mame Khady ont établi ma relation fusionnelle avec Passy
À toi, je déclare ma flamme,
Mon nom, je t’entends le murmurer
Jusque dans la sève des branches de ces anacardiers qui jalonnent mon cœur et font ombrage au soleil ardent, triste sans nouvelle, les étoiles se bousculent pour être témoin de l’auscultation de mon amour que je voue à Passy
Tout me parle en toi, ô Passy
La largesse de tes rues aérées et éclairées,
Le vacarme brouillant de ces matchs de navétanes
Ton agriculture si florissante
Tes puits d’eau douce au parfum des mille fragrances et ta dignité de terre des grands hommes
Te voici bercer mon projet de vie.
Toi carrefour de cultures, point de brassage, ancrage des savants et haut lieu de commerces et d’échanges, les samedis, tes soirs muets dans les chahuts des oiseaux en partance vers leur sanctuaire, me parlent
Tes palabres arrimées le long de ta colonne vertébrale, préparent et forgent des vertus chez tes dignes fils.
Ce sont des banquets de savoirs
Où se côtoient toutes les générations,
Des écoles où le diplôme ne se donne pas
Mais s’arrache à l’issu d’une formation de plusieurs années, tes rues et leurs airs me fascinent ô Passy, mon amour!
T’étaler à haute et intelligible voix mon bonheur lorsque j’emprunte tes pistes,
Me connecte avec ce panneau de tes cinq lettres [Passy] qui font notre fierté au sortir de Bandoulou, dans les périphéries de Ndramé, où sont dressées les roseraies de Léona, où s’égrainent les chapelets de Santhiaba, et où les Mboum Ndour de Diamono s’éclipsent !
À jamais, Passy dans le coeur !
Extrait du recueil #PMA#