34 ans après l’assassinat de Thomas Sankara, le procès s’ouvre ce lundi 11 octobre devant le tribunal militaire de Ouagadougou (Burkina Faso). Les principaux accusés sont l’ancien président de la République Blaise Compaoré, le Général Gilbert Djendéré et le chef de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré, un certain Hyacinthe. Invité de l’émission Jury du dimanche ce 10 octobre, l’activiste Didier Awadi a livré les tenants et les aboutissants de ce dossier judiciaire, l’absence de Blaise Compaoré à ce procès, le rôle de la France, entre autres.
«Les trois (l’ancien président de la République Blaise Compaoré, le Général Gilbert Djendéré et le chef de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré, un certain Hyacinthe) sont considérés comme ordonnateurs, superviseurs et exécutants de l’assassinat le 15 octobre 1987. 34 ans après, il était temps que ce procès s’ouvre. Tout a été fait pour que ce procès ne voit pas le jour. 34 ans après, c’est l’abnégation, c’est la passion, c’est beaucoup de gens qui ont donné leur énergie comme Aziz S. Fall, la veuve de Thomas Sankara et tout un comité. Il faut leur rendre hommage parce qu’ils ont été tenaces. C’est au prix de leur vie et c’est au prix de beaucoup de sacrifices qu’on arrive à ce procès.»
L’Absence de Blaise Compaoré au procès
«Beaucoup de puissances ne veulent pas de ce procès mais je pense que sa tenue nous édifiera. On a organisé le sommet de la France-Afrique à Montpellier. ville où vit la veuve de Sankara. Le procès va donc s’ouvrir pour qu’enfin ceux qui ont tué Sankara puissent répondre devant l’histoire. Ils ont une position lâche en ne voulant pas se présenter. Mais l’histoire est en cours et rien ne pourra l’arrêter. Pour l’absence de Blaise Compaoré à ce procès, je dis qu’à un moment de la vie, il faut prendre son courage et assumer ses actes. Quand on pose cet acte ignoble, si on aime son pays et qu’on vous accuse des faits aussi grave, on se met debout et on répond face à l’histoire », dit-il.
Et d’ajouter : « Quand il y a un crime, on regarde à qui profite le crime. La première personne à qui profite le crime de Sankara c’est bien-sûr Blaise. C’est qu’entre temps, il a eu la nationalité ivoirienne mais je pense qu’il ne faut plus qu’on nous distrait. Ce n’est pas parce qu’il a une nationalité ivoirienne qu’il a une déchéance de sa nationalité burkinabé. Si comme il le dit, il veut la paix au Burkina, il doit d’abord revenir dans son Burkina. Le procès doit enfin se tenir parce que la famille de Sankara doit enfin faire son deuil. J’espère que ce procès sera le moment de la manifestation de la vérité. Parce que les coupables sont vivants.»
La France dans le dossier Sankara
A l’en croire toujours, «C’est parce que les gens sont venus faire des nettoyages et ils étaient à Ouagadougou avant et la France n’avait pas intérêt que les révolutionnaires commencent à gagner. Je n’idéalise pas Sankara. Je trouve même qu’il a fait certaines erreurs et qu’il a fait parfois preuve de naïveté. C’est ce que je pense, donc, je ne l’idéalise pas. Il voulait rectifier mais ceux qui l’ont assassiné, quand ils ont fait leur coup, ils disent qu’ils ont rectifié. En réalité, c’est Sankara qui voulait rectifier. Quand un groupe décide de mener une révolution, ils imposent une vision à un peuple. Et si tu vas trop vite, le peuple ne te suit pas. Il faut avoir parfois l’humilité de t’arrêter pour voir s’il ne faut pas rectifier ou bien voir si tout le monde a compris le message qu’on veut faire passer. »
«Pourquoi je serai à Ouagadougou»
Quid de de présence dans la capitale burkinabè ? «Je serai à Ouaga demain lundi parce que historiquement je ne peux pas ne pas être là. Je vais suivre le procès de très près pour avoir une meilleure compréhension de l’histoire. Ce procès est l’occasion de donner la vérité à l’Afrique.» dit Awadi.