Dakarmidi – J’entends tous les jours que les « politiciens » sont tous pareils. Tout le monde ne le dit pas, certes, mais beaucoup s’évertue à le marteler.
Des « moralisateurs » l’écrivent parfois dans les commentaires sous mes différentes publications.
Je m’étonne de voir cet argument être répété à longueur de réactions comme vérité absolue, une litanie assimilée qui ne nécessite pas très souvent d’explications approfondies. C’est une évidence pour beaucoup.
Le message semble alors clair: quoi que nous fassions, quoi que nous disions, nous ne sommes jamais différents des autres. C’est juste alors que nous rusons différemment…
Si j’exclus de toutes réponses, les personnes qui se déguisent pour tenter de discréditer, de vouer aux gémonies les politiques pour des raisons souvent inavouées, je répondrai bien à celles qui, de bonne foi pensent avoir raison.
Je précise tout d’abord que je ne m’impose pas une solidarité aux actions de tous les hommes politiques. Pour beaucoup, je les observe de loin, les apprécie de loin. J’en combats certains, j’en ignore d’autres et m’intéresse à d’aucuns. Je les juge par leurs actes. Parce que je ne les vois pas tous de la même manière et ils ne me semblent jamais pareils quand leurs parcours et leurs actions révèlent un pan de leur personnalité.
Même si cette accusation voulant que tous les politiciens soient pareils peut être tolérable et supportable, comparée aux attaques quotidiennes dont nous faisons l’objet, elle me semble injuste parce que suffisamment erronée.
Les « politiciens » ne constituent pas une race. Ils viennent de nos foyers. Ils n’ont pas fait une « formation spéciale », ils sortent de nos universités et de nos écoles de métiers au même titre que les autres. Ils n’ont pas eu une éducation à part dans nos foyers. Ils ont bénéficié de la même éducation que leurs frères et sœurs.
Les hommes politiques sont des sénégalais; des frères, des soeurs, des tantes, des cousins … qui ont opté de faire de la politique. Ils viennent dans ce milieu avec leurs tares et carences, leurs mérites et limites.
Dire qu’ils sont tous pareils parce qu’ils partagent le même milieu c’est accepter que l’on soit pareil à son voisin de palier, que l’on soit pareil à ses camarades de classe ou ses collègues de service.
Si le milieu n’est pas déterminant pour pouvoir mettre tout le monde dans le même sac, on pourrait peut être nous opposer l’existence d’un virus qui n’épargne aucun politicien. Mais de quel virus s’agirait-il? de quelle nature ? Si ce virus existe, des hommes politiques ont pu s’en éloigner ou ont pu trouver l’antidote. Nelson Mandela, Thomas Sankhara et autres, s’ils n’ont pas de sosies, partagent avec d’autres les mêmes valeurs d’engagement.
Dire que tout le monde est pareil c’est encourager ceux qui nivellent par le bas car ceux qui veulent atteindre les hauteurs seront alors toujours ramenés au bas de l’échelle.
Quoi qu’il en soit, ceux qui conduiront les destinées de notre pays seront inéluctablement ceux qui auront sollicité les suffrages de leurs compatriotes. Se détourner du milieu politique, ne point s’y intéresser, s’apparente à se détourner de la correcte prise en charge de nos intérêts communs.
Traiter tous les nouveaux adhérents de politiciens pareils aux autres c’est chercher à freiner l’assainissement de la classe politique mais surtout laisser souffrir dans les tiroirs de l’oubli les préoccupations récurrentes et profondes de nos populations.
La politique autrement, c’est possible et c’est notre combat de tous les jours.
Thierno Bocoum
Président AGIR