Dakarmidi – Dites, nous monsieur le premier ministre Mouhamed B. Abdallah Dionne, à quoi vous nous appeler ? A se taire, ne rien faire voire assister stoïquement à la violation de nos droits et libertés publiques, garantis par la Constitution de la République du Sénégal ? Ou à assister à notre propre mise à mort politique en cautionnant de fait la légitimation de l’injustice ou la banalisation de la violence policière ?
Dites nous, monsieur le premier ministre B. Abdallah Dionne, pourquoi cette énième provocation de la coalition Benno Bokk Yakaar à l’égard des forces vives de l’opposition sénégalaise qui ne font que exercer leurs droits constitutionnels ? Le droit même de marcher dans la sérénité en vue de porter un combat citoyen devant le peuple pour une meilleure prise en compte de leurs légitimes revendications politiques afin de contribuer à apaiser dans une certaine mesure une tension sociale latente et qui à terme peut embrasser le climat social délétère, n’est plus accepté par le régime de notre président par défaut, monsieur Macky Sall. Et vous osez, ainsi nous sermonner sur le respect de la loi ?
Certes, les lois et règlements en vigueur doivent être respectés par l’ensemble du corps social sénégalais sans exception. Cependant, les autorités publiques chargées de faire appliquer la loi sur toute l’étendue du territoire national, doivent d’abord commencer par montrer la voie ? Et qu’est ce qu’on voit sous nos tropiques de République bananière? Des politiciens professionnels impressionnés par les fastes du pouvoir, se donnent toute la latitude de faire de ce qu’ils veulent de la loi.
Au fait, monsieur le premier ministre, la loi n’est – elle pas impersonnelle ? Ou est – elle applicable dans toute sa rigueur seulement qu’aux plus faibles d’entre nous et aux adversaires du roi sans couronne de la coalition hétéroclite Benno Bokk Yakaar où on retrouve du tout socialistes, communistes, libéraux, écologistes ou d’autres encore qui n’ont aucune conviction politique ?
Pourquoi le préfet de Dakar se permet d’interdire à chaque fois les manifestations de protestation de l’opposition en évoquant des raisons fallacieuses de trouble à l’ordre public ? Qui assure l’ordre public et la protection des personnes ? N’est – ce pas nos forces de l’ordre, plus particulièrement la police nationale ? Toutefois, cette dernière a cessé d’être une force républicaine depuis plusieurs années. En effet, elle est souvent utilisée par nos autorités publiques en vue de terroriser les opposants et pour faire peur à la population à force de matraques à son encontre.
Nos forces ne l’ordre ne sont- elles pas en mesure d’encadrer dans la sérénité et le respect les manifestations pacifiques sans devoir brutaliser les participants en semant un chaos indescriptible sur les lieux et aux alentours ? Ne savent- elles faire que ça ? Lancer des lacrymogènes à l’aveuglette jusqu’à provoquer les pleurs des élèves de l’école Mame Yacine Diagne de Thiong, en évoquant toute honte bue la météo afin de justifier leur bévue. Pire encore, avant de se raviser en niant leur responsabilité devant cette scène inouïe de violence gratuite. Et l’honneur de nos troupes dans toute cette tragédie ?
Le directeur de l’établissement scolaire a confirmé la déflagration de lacrymogènes au sein de l’école. En plus, la déclaration du directeur est corroborée par la diffusion d’images d’écoliers en colère. Tout de même, vous n’allez pas nous dire qu’il s’agit d’une mise en scène grotesque orchestrée par l’opposition afin de jeter l’opprobre sur votre gouvernement et sur nos forces de police. Qui a intérêt à mentir de manière éhontée entre les deux parties en vue de se donner le bon rôle dans cette situation déplorable ? Tout porte à croire que la faute est imputable aux autorités de la police.
Dites nous, monsieur le premier ministre Mouhamed B. Abdallah Dionne, pourquoi vous cautionnez la brutalité policière en imputant la faute aux manifestants de l’opposition, victimes de l’intransigeance injustifiée d’un préfet aux ordres et toujours prêt à violer les droits constitutionnels des citoyens sénégalais afin de répondre à la volonté sournoise du chef de fil de la coalition Benno Bokk Yakaar, monsieur Macky Sall qui est en conflit permanent avec le respect de nos principes républicains ? A force de refuser les manifestations des partis de l’opposition, la responsabilité de l’Etat du Sénégal est directement engagée dans les scènes de violence policière survenue le vendredi 9 mars 2018 à Dakar.
Non, monsieur le premier ministre Mouhamed B. Abdallah Dionne, vous avez fait preuve de mauvaise foi en bottant en touche les dérives autoritaires de votre gouvernement. Vous aurez dû analyser sereinement la situation en situant la responsabilité des uns et des autres dans cet escalade de suspicion voire de provocation, au lieu de verser dans une surenchère politicienne qui ne vous honore point. Personne ne peut vous reprocher de défendre la politique du président Macky Sall en dépit même de ses manquements au respect des règles de la bonne gouvernance, mais vous devez faire preuve de plus de retenue voire de plus de conciliation dans votre communication. L’excès de zèle ne produit pas de meilleurs résultats. Tout au plus, il crée un sentiment de malaise et de réprobation de l’action du gouvernement auprès du peuple.
Monsieur le premier ministre Mouhamed B. Abdallah Dionne, il est primordial de faire respecter les lois et règlements de la République afin de créer un climat serein et apaisé. Sinon, c’est le début du rejet de toute forme de justice qui entraîne de facto une révolte populaire avec son lot de destruction des biens communs et un bain de sang.
Et puis, que faut-il vraiment penser de ce désordre au niveau de nos institutions républicaines voire quelle attitude les citoyens sénégalais doivent réserver à votre sortie médiatique lorsqu’on constate au quotidien l’inertie, l’impuissance voire la lâcheté de nos autorités publiques à sanctionner les directeurs de sociétés nationales, les ministres qui violent de manière récurrente le code des marchés publics ? De la méfiance à votre égard ou un mépris certain à cause de votre attitude frivole devant l’injustice voire la violence de votre gouvernement contre le peuple sénégalais.
Les citoyens sénégalais ne peuvent plus se terrer ou garder le silence des momies en attendant que l’irréparable se produise pour alerter voire sensibiliser nos compatriotes sur les nombreuses exactions de votre régime de terreur.
Monsieur le premier ministre Mouhamed B. Abdallah Dionne, la fidélité au président de la République, monsieur Macky Sall ne doit en aucune façon vous pousser à vous compromettre de la sorte en adoptant fièrement devant le peuple une posture inqualifiable ou à prendre une distance avec la morale.
Vous devez d’abord commencer par balayer devant la porte de la coalition Benno Bokk Yakaar où squattent beaucoup de pilleurs de nos deniers publics, très sûrs de bénéficier d’une impunité totale en torpillant de manière flagrante les lois et règlements de la République, avant de nous sermonner sur les conséquences désastreuses d’une telle violation pour nous autres citoyens tout en vous maintenant dans le déni.
Massamba Ndiaye
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