Adresse au Président de la République, au Conseil Constitutionnel et à la CENA:
En ma double qualité de législateur, représentant du peuple, député à l’Assemblée nationale d’une part, et de Président de S.U.D, candidat à l’élection présidentielle du 24 février 2019 d’autre part, je saisis solennellement le chef de l’Etat M. Macky Sall, afin qu’il soit pris de manière urgente un décret interdisant à tout candidat de recueillir un seul de plus que le maximum de 66 820 parrainages requis par la loi, soit 1% du corps électoral.
L’adoption de cette loi sur les parrainages a déchiré le corps social et a été effectuée dans un climat d’état de siège. Il ne faudrait pas qu’en plus cette loi soit dévoyée de son objectif proclamé par le gouvernement, prétendument de crédibilisation des candidatures et ne serve pas à écarter artificiellement des candidats légitimes. Or, nous avons toutes les raisons de le craindre, avec les déclarations répétées de souteneurs politiques, notamment dans le camp de M. Macky Sall, qui déclarent vouloir recueillir 500.000, un million ou trois millions de signatures de parrains. Tout électeur ne pouvant parrainer qu’une seule fois un candidat, si ceci venait à se réaliser, cela assècherait le bassin potentiel de parrains, qui n’est pas extensible à souhait, au détriment des autres candidats.
Je prends à témoin le Conseil constitutionnel, juge des élections et arbitre de l’éligibilité des candidats, pour peser de tout le poids de ses avis et décisions, en direction du Chef de l’Etat, afin que la barre supérieure du 1% de parrains électeurs ne soit pas dépassée durant la collecte. Nous demandons enfin à la CENA, au niveau des départements, de vérifier que la collecte des parrainages ne donne pas lieu à des abus par excès de zèle partisan, et d’informer les collecteurs mandatés par les candidats des partis et coalitions de partis de l’obligation de ne pas dépasser un total national de 1% des électeurs, diaspora comprise. M. Macky Sall s’est refusé jusqu’ici à donner une suite favorable à la demande unanime et consensuelle de la majorité de l’opposition de nommer un ministre de l’Intérieur apolitique. C’est déjà là un grave recul démocratique par rapport à la pratique des Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.
Nous ne désespérons pas que le Président Sall se rende aux arguments de la raison, de la décence et de la démocratie, sur cette question centrale. En attendant de parvenir à l’y amener, nous lui demandons de faire en sorte de manière urgente que la loi sur les parrainages ne devienne pas, encore plus, une loi de circonstance, inique, confiscatoire de la volonté populaire et antidémocratique, destinée à écarter des présidentiables sérieux du chemin des urnes et de la rencontre avec le peuple souverain.
Fait à Dakar, le 30 août 2019
Moustapha Guirassy