Section 1- la politique du fait accompli Le premier pas menant à la mondialisation est l’instauration d’un seul pôle d’orientation politique qui soumet toute la planète. Deux pôles antagonistes dépositaires de la souveraineté donnaient aux pays suivistes l’occasion de manifester leur existence, tout en restant sous la coupole d’un des camps. Une démarche que les pays non-alignés ont longtemps empruntée, avant que la mondialisation découlant du pôle unitaire n’y mette un terme, en uniformisant le monde.
Par la suite, est apparue la mondialisation culturelle qui se manifeste à travers la promotion des croyances et autres opinions israélites qui tendent à supplanter toutes les autres cultures du monde. Ainsi, les choses les plus discutables sont présentées comme une vérité absolue. Cette manière de faire porte l’empreinte de la judaïsation culturelle qui tend à être imposée à la planète entière.
La promotion des cultures et conceptions israélites devient une politique d’envergure mondiale. On peut prendre l’exemple de la Choya ou holocauste, une des tragédies qu’ils cherchent à généraliser et qui, à l’origine, a vu les nazis, sous les ordres de Hitler, exterminer de nombreux juifs[1]. D’un autre côté, la mondialisation culturelle fait table rase des croyances des autres en les discréditant, voire en les niant. Ainsi, la littérature devient imitation par le fait d’une uniformisation qui en a fixé les règles. Des langues comme l’arabe, la langue du Coran, sont confinées au cimetière après avoir été rangées parmi les langues dites classiques. Ainsi, en dépit de tout ce qu’elle regorge comme croyance et richesse, des universités se sont accordées à en faire une langue classique[2].
La feuille de route de la mondialisation bien codifiée avait comme point de départ, pour asseoir l’orientation d’un nouvel ordre mondial, le Congrès de Bale en 1897. Celui-ci fut adopté et, plus tard, sera suivi par l’acte de morcellement fait par Sykes-Picot en 1916. Puis survint la déclaration ou promesse de Balfour (1917), sanctionnée par la Nakba (catastrophe), avec l’occupation de cette terre palestinienne considérée comme promise et devant abriter le temple juif sur les cendres d’Al Qods. Ainsi débute le massacre qui appellera à la résistance.
Le phénomène d’action et de réaction a ainsi commencé et s’est répandu comme une traînée de poudre. Les slogans panarabisans ouvrirent la voie à de nombreux coups d’Etat appelés révolution un peu partout dans le monde arabe et qui se sont terminés avec la guerre de 1967, appelée également al Naksat (le revers). C’est ainsi qu’est apparue la thèse islamique selon laquelle, seule la religion peut porter le combat. La révolution islamique de l’Iran vit le jour en 1979. D’un autre côté, est instaurée une politique dite de «la carotte et du bâton», avec le carnage de Sabra et de Chatila en 1982. Puis, parallèlement, intervinrent les pseudos accords de Camp David à Oslo, faits dans le dilatoire et l’hypocrisie pour engendrer la déception et la désolation.
Le 20e siècle se termina ainsi dans une confrontation entre islamisation et judaïsation. Puis survient cette thèse commanditée et reçue par le ministère américain des Affaires étrangères et qui consacre «le choc des civilisations». Celle-ci fait face à une autre avec qui elle se dispute la suprématie, avant que la fin de l’histoire ne soit théorisée. Ce qui rappelle Hegel et le début de la fin de l’histoire avec deux théories dialectiques de l’idéal (Hegel) et de l’athéisme (Karl Marx).
Le 21e siècle commence avec une actualité mettant l’Afghanistan au centre des débats, avec les évènements du 11 septembre 2001. La réaction qui s’en suivit, va ouvrir la voie à l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, avec la tactique de la terre brûlée (nouveau Choya ou Holocauste), justifiée comme une guerre préventive. Ce qui, en fin de compte, finit par installer l’anarchie avec des printemps arabes, l’instauration d’un Etat dit islamique. Et la crise a fini par se généraliser au Moyen-Orient avec les Russes face aux Américains. Ce qui a engendré d’autres conflits, mettant aux prises Arabes et Perses, Turcs et Kurdes et, d’autre part, salafistes et chiites…. Une confusion totale qui va embraser tous les foyers, en détruisant tout sur son passage. Ce qui incitera le monde islamique à mettre Al Qods en marge et à tenter d’effacer la cause palestinienne en tant que préoccupation centrale. Le monde rentre ainsi dans un tunnel sombre où se négocie ce qu’on qualifie de deal du siècle.
Section 2 – L’Afrique, la face cachée du jeu sioniste
L’Afrique, de manière générale, les Etats du nord et du sud du Sahara plus particulièrement, paraît infime dans ce jeu international. Or, elle constitue un catalyseur nécessaire pour l’atteinte de certains objectifs. Ce n’est qu’après avoir aidé à exécuter une mission qu’elle disparait à nouveau. Elle s’offre en réceptacle des initiatives, pour devenir un préambule à ce qui se prépare. Ainsi, l’incendie de la mosquée Al Aqsa avait incité à la mise en place de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) au Maroc, en 1969. Puis, le royaume chérifien fut désigné pour présider le Comité Al Qods en 1975. Ensuite, en 2002, lors d’une réunion au Maroc, ce Comité, démembrement de l’Oci, a désigné le Sénégal pour soutenir le Comité exécutif des Nations-Unies pour la protection des droits du peuple palestinien. Une distinction qui place les deux Etats dans une position stratégique et qui leur permet de jouer un rôle fondamental dans le dossier israélo-islamique.
Depuis les années 30, bien avant même l’occupation israélienne, le courant sioniste s’est intéressé à l’Afrique. Ainsi, dans les centres israéliens d’observation et d’études scientifiques, on accorde un intérêt particulier au continent noir. Ses différentes régions, ses couleurs, ses croyances et ses cultures sont passées au peigne fin. Ce qui s’est avéré plus que profitable à la pensée sioniste sur le plan national et international.
Les penseurs sionistes ont tenté de trouver des dénominateurs communs entre la souffrance des Africains dans leur terroir et à travers le monde et celle des juifs. Ils ont essayé de faire des comparaisons entre les deux situations sans jamais aller jusqu’à en exposer les raisons. Ainsi, invoquant la souffrance des Africains, la pensée sioniste met en exergue la traite négrière et ce qu’elle a engendré, à travers les travaux forcés et la négation de l’identité qui fonde l’esprit d’infériorité.
Ces études sionistes se fondent sur des faits dont les mobiles sont différents de ceux qui ont conduit à la maltraitance des juifs. Mais, à travers leur comparaison qui tend à imposer leur lecture de l’histoire, ils justifient leur démarche de retour à une terre qu’ils considèrent comme promise. L’image de la déportation et du retour qu’ils veulent imposer, c’est aussi dans la culture et l’histoire des Africains qu’ils sont allés la chercher. Le cercle d’études sioniste travaille à conforter et à consolider ces idées à travers des faits qui, dans le fond, n’ont rien à voir avec l’histoire du peuple juif. Mais, par le biais d’événements conjecturels tels que l’immigration qui constitue une quête de bien-être et de survie, ils justifient leur démarche. Avec tout ce que cela comporte comme rejet d’une part et d’acceptation d’autre part. Cela ne veut pas dire qu’ils se sont détachés de leurs racines pour un profit ou pour répondre à des exigences momentanées ou encore moins pour soutenir un oppresseur face un opprimé assailli de difficultés conjecturelles. Car, l’esprit de l’inné reste toujours caché pour laisser paraitre les moments difficiles.
Nous tirons comme conclusion de tout cela que la souffrance des Africains, la discrimination raciale, le traitement qui leur a été infligé en Amérique et en Europe, répondait à des considérations d’ordre ethnique et racial et à des circonstances conjecturelles qui ne peuvent pas être appliquées aux sionistes. Mais, malgré tout, ces derniers ont tout entrepris pour comparer les parcours historiques entre les peuples africains et juifs. Ce, en se fondant sur des intérêts et en prétextant de la discrimination qu’ils ont subie en Europe et en Amérique. Ce qui leur permet de trouver le dénominateur commun qui explique les réactions qui naissent des actions contre eux. Ce d’autant qu’au début du XVIIIème siècle, ce discours était intelligible grâce notamment aux nombreux mouvements nationalistes qui étaient favorables à tout ce qui faisait face à l’injustice. C’était aussi l’avènement de mouvements protestant pour l’abolition de l’esclavage et contre l’exploitation de l’être humain. Ce réveil, les mouvements sionistes n’ont pas attendu pour l’exploiter. Une situation nouvelle qui a développé une autre compréhension chez certains Africains qui ont eu à vivre cette situation particulière. Cela favorisa la réflexion autour d’une confédération africaine invitant les Africains établis aux Etats-Unis à un retour en Afrique, leur terroir natal, leur origine et leur racine. Une certaine élite de Blancs encourageait cette idée qui suscita un réel engouement dans le milieu afro-américain. Ce qui donna naissance à un mouvement dont l’inspirateur, sur le plan politico-religieux, est Marcus Garvey. Ce dernier brandit le slogan du retour aux origines qui ne sont autres qu’africaines. Au même moment, le sioniste Théodor Herzl était devenu célèbre et fut désigné messie des juifs, celui qui mit un terme à leur souffrance. Le même nom de sauveur, de messie, fut attribué à Garvey[3].
L’idée du retour est agitée aussi bien chez les Juifs que chez les Africains. C’est à cette période que le sionisme s’étend en nouant des alliances et en multipliant ses adeptes à qui l’idée d’un retour, qui se fonde sur la domination, est inculquée. Il est ainsi façonné un slogan exaltant le retour à la terre promise intégrant un territoire entre les deux fleuves, le Nil et l’Euphrate et renvoyant aux symboles de Babel. Et ce sont des Noirs qui vendirent ce produit de fabrication sioniste. A travers la musique et l’art, artistes et activistes (du reggae au hip hop), pleurent et manifestent leur nostalgie de la terre promise. Une démarche similaire à celle des sionistes. Ce mouvement trouve ses racines en Ethiopie où l’empereur Hailé Sélassié est déifié. L’artiste Jamaïcain, Robert Nesta Marley, dit Bob Marley, en est une figure de proue. Cette idée s’est répandue comme une trainée de poudre chez de nombreux adolescents africains qui, tels des moutons de panurge, suivirent le mouvement.
Suivant l’histoire du mouvement sioniste avec ses relations avec l’Afrique, nous relevons également qu’un pays africain a d’abord été choisi pour abriter les juifs (Ouganda) avant que ceux-ci ne jettent leur dévolu sur le territoire qu’ils occupent actuellement. Cela a grandement participé à faire de l’Afrique un sujet d’études sionistes devant, en définitive, faire des Africains leur alter ego.
En outre, pour se soustraire de l’inimitié et de l’hostilité des Arabes qui les entourent, ils invoquent le continent noir pour trouver un alibi parfait. Ainsi, de très près, les cercles d’études scientifiques s’intéressent aux facteurs économiques et socio-culturels du continent africain. Un suivi de l’évolution du champ africain leur permettant de l’influencer positivement ou négativement selon les données du moment et à travers divers moyens pour atteindre leurs objectifs. Ces cercles portent un intérêt particulier aux orientations majeures et au développement des idées chez les Africains. Toutes les péripéties et les positions des uns et des autres sont minutieusement scrutées. Des concepts sont idéalisés à partir des cercles sionistes qui les promeuvent pour diaboliser et mettre en mal l’Islam et les Arabes. Les droits de la femme, des minorités ethniques, des homosexuels, la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, etc., sont autant de thèmes qu’ils ont récupérés pour s’en approprier. Et à l’affût, les cercles sionistes s’activent et prennent en charge les parties antagonistes. Ils appuient les belligérants au même moment en s’appuyant sur des études et des recherches façonnées par leurs centres de décision.
Les relations entre l’Afrique et Israël, dans la vision sioniste, se fait selon une technique du «couper-coller». Ce, par le biais de chercheurs sionistes qui ont réalisé beaucoup d’études spécialisées sur la question depuis l’avènement du courant. Ces études se distinguent aussi bien dans l’orientation que l’évaluation qui est née de la politique extérieure de l’Etat sioniste en direction du continent africain. Et, à ce sujet, il faut signaler que cette relation est unilatérale. C’est l’Etat sioniste qui est en amont et en aval.
A suivre…
Cette Chronique est exceptionnellement publiée ce mercredi
Lire vendredi prochain : le Sionisme en Afrique, l’exemple du Sénégal
Par Sidi Lamine NIASS