Les Sénégalais attendent avec impatience la libération du reste des détenus politiques.
L’intervention de Madame la Ministre de la justice qui introduit une distinction entre les personnes arrêtées à l’occasion des manifestations politiques et celles dites sans lien avec des manifestations, me semble inopportune et inappropriée.
En effet, de nombreuses personnes sont encore en détention sous des qualifications fausses et abusives, en raison de leur supposée affiliation ou sympathie envers le Pastef, pour le simple et unique fait d’avoir porté un bracelet avec l’effigie de Ousmane Sonko. D’autres sont encore en prison pour avoir exercé leur droit de critique de la gestion gabégique et calamiteuse des biens et deniers de l’Etat, leur devoir de critique ou de dénonciation de dérives des institutions dans une société démocratique, ou enfin d’avoir exercé des droits liés à la liberté d’opinion et d’expression dont le droit et la liberté de communication est un corollaire.
Le seul langage clair et sans équivoque qui vaut d’être tenu est celui du non-lieu et de la libération rapide de Ousmane Sonko, de Bassirou Diomaye Faye et de toute autre personne dont la détention a un motif ou un lien de rattachement avec le Président du parti Pastef, le troisième mandat ou le processus électoral.
L’arrestation du Coordonnateur national de la jeunesse patriotique du parti Pastef Maître Ngagne Demba TOURÉ est une continuité de l’escalade de la violence sur la jeunesse Sénégalaise, ce qui est un paradoxe avec le langage de décrispation et de libération tenu par la plus Haute autorité de l’Etat.
L’acte est incompris et ceux qui ont suggéré, conseillé ou appuyé l’exécution inopportune du mandat d’Arrêt ne militent pas en faveur du discours d’apaisement et jettent un doute sérieux sur la sincérité de ce dernier, d’où l’urgence de la libération immédiate de ce jeune par le 2ème cabinet d’instruction.
Le prix fort et équitable à payer pour la paix, la stabilité, l’apaisement des cœurs et des esprits est à portée de main, mais la volonté politique semble encore faire défaut et le Président de la République pourrait être le grand perdant s’il manque de discernement et rate son dernier virage du discours attendu des sénégalais.
Il est l’heure H de sonner la fin de la récréation, fixer une date délimitée dans un périmètre par le Conseil Constitutionnel, soulager l’opinion nationale et internationale, et enfin sortir par la grande porte.
Ciré Clédor Ly
Avocat à la Cour.