Dakarmidi – L‘État marocain a voté hier, mercredi 12 septembre 2018 une loi incriminant les violences faites aux femmes. À la grande satisfaction de la gent féminine du Royaume. Et surtout des militantes dont Samira Raiss qui s’est toujours battue en faveur d’un tel texte.
Les Marocaines pourraient désormais l’appeler « Jour de la grande victoire ». C’est en effet hier, mercredi 12 septembre qu’est entrée officiellement en vigueur la loi qui criminalise les violences faites aux femmes.
Selon africanews, parmi ces violences, figurent en bonne place « »certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d’agression, d’exploitation sexuelle ou de mauvais traitement ». À côté des sanctions comme la prison, le texte prévoit aussi des mécanismes de dédommagement des victimes.
Or, sont les lois ce que sont les mœurs, a-t-on coutume de le dire. La société marocaine est souvent le théâtre des violences à l‘égard de la femme en dehors ou au sein des foyers. Selon une enquête gouvernementale menée en 2009, plus de 60 % des femmes marocaines avaient été victimes de violences de toutes sortes.
Le dernier cas de violence en date est celui de Khadija. Dans une vidéo virale qui circule depuis août, la jeune fille marocaine de 17 ans raconte, comment elle a été enlevée, séquestrée, violée et maltraitée pendant deux mois.
L’indignation suscitée par cette vidéo où Khadija a montré les stigmates des violences subies, a été telle que la justice marocaine a été obligée de sévir. Douze personnes supposées être ses agresseurs ont été placées en détention préventive avec différents chefs de poursuite. L’instruction a débuté le 6 septembre et les prochaines audiences ont été fixées au 10 octobre.
Et la loi qui vient d‘être promulguée pourrait sonner le glas d’une telle réalité. Au grand soulagement des activistes de défense des droits de l’homme. Parmi eux, Samira Raiss. Elle qui, depuis plus de cinq ans se bat bec et ongles pour obtenir le vote d’une loi contre les violences faites aux femmes.
« Les femmes sont souvent harcelées dans la rue. Cette loi est vraiment nécessaire. Il est important de protéger les femmes contre le harcèlement. Les femmes dans les espaces publics souffrent beaucoup du harcèlement », a lancé Raiss sur BBC.
Mais, la militante n’entend pas pour autant cesser la lutte. Tant, estime-t-elle des insuffisances existent dans cette loi. Parmi ces lacunes, Raiss dénonce l’absence de définition de la violence domestique et l’incrimination explicite du viol conjugal.
Il y a aussi que « nous manquons des outils appropriés pour mettre en œuvre cette loi. En cas de violence conjugale, il est difficile de fournir des preuves et nous n’avons même pas de foyer pour les victimes ».
Des lacunes que les autorités entendent corriger. « Aucune loi n’est parfaite. L’efficacité de cette loi dépendra de l’approche adoptée par la police et l’instance judiciaire. Au fur et à mesure de son application, il est normal de découvrir certaines lacunes, mais elles peuvent être modifiées à l’avenir », rassure Bouthaina Karouri, une députée membre du comité de rédaction de ce texte.
Mais, dans une société conservatrice et souvent qualifiée de phallocrate par des observateurs, la loi s’appliquera-t-elle de manière effective ? Là, est, en tout cas, tout le défi des institutions marocaines.
La rédaction