Dakarmidi – Un éminent penseur disait : « Les grands leaders sont façonnés par les épreuves qu’ils rencontrent, et les défis qu’ils relèvent ». J’ai écouté le Président Macky Sall retracer son parcours et en raconter les grandes étapes, lors de la dernière Rentrée citoyenne qu’il a présidée.
Qu’en retenir ?
Que son destin a basculé au moment où la procédure d’élimination politique propre au PDS qui s’est toujours refusé un dauphin légitime a été enclenchée. Ce sera à partir de ce moment que l’homme politique Macky Sall sous les conseils avisés de hautes personnalités religieuses parmi les plus influentes de notre pays entre autres, et conforté dans le sentiment qu’il faisait l’objet d’une sordide tentative d’assassinat politique aura donc décidé de renoncer à tous les mandats obtenus sous la bannière du PDS, pour lancer son propre parti politique, et prendre son destin en mains.
La suite, on la connait. Il sera l’un des seuls candidats à l’élection présidentielle à quitter Dakar et sa Place de l’indépendance pour aller à la rencontre des sénégalais, à la tête d’une coalition opportunément servie par la dislocation du Benno Siggil Senegaal.
J’ai donc écouté le Président Macky Sall, mais j’ai entendu l’homme. Il a partagé en cette occasion avec nous plusieurs pans de sa vie : l’histoire du jeune sénégalais sorti de nulle part, armé de son seul courage et de sa détermination, cette pugnacité nourrie par ce que l’on appelait à l’époque l’obligation du tekki, et qui engendrait une stoïque motivation brûlant du feu puissant du désir de lire dans le regard maternel la satisfaction et la fierté de voir son fils réussir, dans les études d’abord, et à trouver un emploi ensuite, qui poussait à se transcender. L’accomplissement d’un destin que rien ne laissait présager, et que la Nation a rendu possible, par l’éducation. Et qui doit inspirer toutes les générations. D’où la générosité du Président Macky Sall qui a modestement partagé cette aventure humaine avec l’assistance, et la jeunesse de son pays. Ce fut fort instructif.
En nous servant son histoire en effet, le Président Macky Sall a esquissé pédagogiquement une stratégie de communication qui l’a placé à hauteur d’homme et a ainsi permis de remettre beaucoup de choses en place, dans l’appréhension de la vie par les jeunes qui l’ont suivi et religieusement écouté : au Sénégal, la population croit en la chance qui est fatalement plus importante que la licence, en oubliant par là qu’il n’y a pas de hasard dans notre destinée, et que l’homme est responsable de son propre avenir, auquel il donne le sens qu’il veut, selon qu’il choisit de se battre, ou de renoncer au combat pour se laisser embarquer par la facilité.
La leçon à retenir de cette confession sincèrement émouvante de l’homme Macky Sall est qu’elle devrait susciter en lui aussi un état d’esprit sans lequel sa carrière tout exemplaire qu’elle soit n’en rendrait pas l’homme tout aussi exemplaire, et réduirait encore pour longtemps son image à celle comme je l’ai dit tantôt d’un homme sans qualités redevable en tous points à Me Abdoulaye WADE.
Il lui reste à confirmer en effet qu’il a les qualités d’un leader ! En posant des actes qui sont la conséquence directe de son leadership revendiqué, et dont le premier d’ancrage devrait être l’exemplarité.
Cela commence par effectuer une lecture objective et lucide de la situation politico-sociale. Pour opérer les ruptures nécessaires d’abord au sein de sa propre coalition. Et ensuite en rétablissant ou en maintenant le contact avec l’opposition représentative et les acteurs de la société civile.
Tout le monde sait que le Président Macky Sall n’a pas toujours les bons collaborateurs capables d’impulser une dynamique de performance pour atteindre l’émergence tant souhaitée. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le dernier rapport de l’ARMP qui épingle la quasi-totalité des responsables au plus haut niveau, auteurs de scandales plus graves encore que ceux dénoncés durant l’ancien régime. N’oublions pas non plus le rapport de l’IGE à propos duquel d’ailleurs il aura lancé à l’endroit des coupables de malversations sa formule consacrée : « Je ne protégerai personne ».
A l’incompétence de ces collaborateurs et certains de ses compagnons des années de braise, ajoutons leur impopularité au plan politique qui lui porte préjudice et lui commande de composer avec des alliés aussi envahissants qu’impertinents.
Il en est d’ailleurs lui-même si conscient qu’il enjoignait dernièrement à ses ministres totalement déphasés d’aller défendre leurs bilans en communicant sur les réalisations du gouvernement !
Secouer le baobab de sa coalition et se remettre en cause dans le choix des hommes qui participent à ses côtés à servir les sénégalais lui permettraient sans doute d’oublier ses accès de colère dont la dernière est relative à la panne de l’appareil de radiothérapie qui a fait basculer la vie des cancéreux.
Pour rattraper la catastrophe, le Ministre de la Santé a déclaré que ses malades seraient référés au Maroc.
Au vu de tous les investissements de plusieurs milliers de milliards censés apporter l’émergence au Sénégal, il va s’en dire en effet qu’une seule machine en panne qui étale l’indigence en matière de prise en charge correcte des besoins de santé fait désordre.
Cela démontre l’ignorance par nos gouvernants du principe élémentaire que « gouverner c’est prévoir », et que cette prévision commande la prise en compte des notions d’occurrence et de criticité, pour prévenir certaines catastrophes au propre sens du terme, à défaut de les juguler définitivement.
L’appareil de radiologie est le deuxième cas qui démontre en effet l’incapacité du régime à prendre en charge certaines questions vitales pour les sénégalais. Rappelons-nous juste la panne de la conduite d’eau de Keur Massar, qui a déclenché une opération commando conduite par le chef suprême des armées, pour un résultat mitigé !
Le Président Macky Sall devrait aussi veiller à ce qu’on ne lui trouve pas des ennemis imaginaires. En effet, il est de plus en plus difficile dans notre pays de critiquer la marche du pays sans se faire taxer d’aigri. Il est vrai certes que nul n’a le monopole du patriotisme, et c’est d’ailleurs pourquoi les lanceurs d’alerte disent tout haut ce que les autres pensent tout bas en priant pour que les catastrophes qu’ils espèrent surviennent.
Les questions d’internet national sur lesquelles se prononcent les intellectuels sénégalais interpellent au plus haut point le Président Macky Sall et son régime. Et l’exemplarité qui est la première qualité d’un leader commande que l’on respecte et écoute tout le monde. Et que l’on rencontre même ceux parmi eux qui passent pour vos pourfendeurs, et qui auraient pourtant pu au cours d’une conversation courtoise exposer leur point de vue sur les sujets qui fâchent, et contribuer à éviter de les étaler sur la place publique où ils nourrissent des polémiques stériles.
A titre d’exemple, quand des personnalités de la trempe d’Adama Gaye lui témoignent tout le respect et la considération dues à son rang sous d’autres cieux, je ne vois pas pourquoi dans notre propre pays il leur serait impossible de se rencontrer, alors qu’il y a quelques années, ils voyageaient dans le même avion !
Nous aimons l’homme Macky Sall, au vu de son parcours exemplaire. Nous attendons du Président Macky Sall que son expérience qu’il en a tirée lui serve à rassembler son pays, à dépasser les querelles d’hommes pour se projeter dans les débats d’idées qui seuls peuvent faire avancer un pays.
Cela ne peut avoir lieu sans rencontres, sans échanges, sans discussions. Le fameux peenco sénégalais.
Le Premier Ministre d’alors Macky Sall avait fait aussi changer les éléphants blancs de Me Wade de couleur. Il sait donc qu’est ce que la compétence peut apporter à sa vision pour l’émergence de notre pays.
Un bon leader, c’est celui qui réunit ces qualités en lui. C’est celui qui est exceptionnel car il ne réagit pas comme le commun de ses semblables et sait échapper aux sentiers battus que les gens banals cherchent à lui faire emprunter.
Nous attendons donc du Président Macky Sall un contrat social à hauteur de nos espérances. Pour que d’autres citoyens sénégalais aient le même destin que lui. Ou mieux !
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R
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