Chers frères,
Comme vous le savez, depuis mon opération chirurgicale de mai 2012, j’ai la santé fragile. Ne pouvant plus vous accompagner comme il est de mon devoir de grand frère lors de rendez-vous historiques similaires à celui-ci, je me vois, hélas contraint de vous écrire, depuis mon lit de convalescence, à quelques jours de votre décisif prochain match contre le Japon. Pays qui me rappelle de lointains et merveilleux souvenirs de la Coupe du monde de 2002.
Ah oui ! Qu’est ce qu’on était fier d’être sénégalais ! Quand je repense à ces moments, j’ai presque les larmes aux yeux. Ils nous avaient vraiment fait vibrer ces garçons.
Cette génération était certes loin d’être un conglomérat de saints mais avait au moins leur propre marque de fabrique : LA GAGNE À TOUT PRIX !
Ils ne vont – peut-être – pas vous le raconter, mais la tanière en a bavé avant d’obtenir cette reconnaissance. Je me souviens des différentes empoignades entre certains joueurs notamment entre votre actuel coach Aliou et Fadiga ou encore entre Ferdinand et Pape. Les premiers – par amour pour ce qu’ils faisaient n’avaient pas hésité à s’en venir aux mains dans les vestiaires en pleine mi-temps. Ferdinand, avec son tempérament de battant n’acceptait jamais – même à l’entraînement – que ses coéquipiers se relâchent au marquage. Beaucoup en ont pris – de sa part – pour leur grade. Pape Sarr parmi eux.
Ils avaient tous tellement la gnaque et cette rage de vaincre qu’ils ne se pardonnaient la moindre erreur.
Je ne vous demande pas de faire comme eux puisque chacun à son style, sa façon de voir les choses mais ayez au moins la même envie de GAGNER et de REPRÉSENTER dignement cette noble nation qui nous a tout offert.
Chaque génération doit marquer de son empreinte ce qu’elle vaut réellement. Celle-ci peut être positive ou négative ou encore mi-figue, mi-raisin. Autrement dit, libre à elle de l’honorer ou de passer à côté. Bien avant nous, par exemple, celle du Doyen Mansour, parmi tant d’autres, avait fait découvrir le Sénégal sous une autre facette que celle connue d’antan en nous balisant le terrain. Arriva ensuite la nôtre qui, certes n’avait pas eu l’honneur d’être au summum des rendez-vous, mais a su faire figurer notre nation parmi les ténors du continent. Et la génération de 2002 quant à elle, nous a fait rêver au-delà de nos espérances. Maintenant, à vous de rayonner, non seulement pour notre pays mais aussi pour toute l’Afrique réunie.
Aujourd’hui, cela fait exactement 16 ans – c’était le 22 juin 2002- à deux jours que l’équipe de la Turquie par l’entreprise de son attaquant Mansiz n°17 avait mis fin notre odyssée de franchir le cap historique des quarts de finale pour une première participation à une phase finale de Coupe du monde pour un pays africain. Ce jour-là, devant les plus de 44.000 spectateurs du stade Nagai d’Osaka, notre rêve de faire mieux que le Cameroun de notre frère Roger Milla en 1990 fut brisé par un “but en or” à la 94ème de la prolongation sur un centre enroulé d’Umit Davala n°22 atterrissant à la surface de réparation au premier poteau avant l’entrée des six mètres repris instantanément par le buteur du jour. Mais l’aventure aura été belle pour cette génération !
Ne soyez pas trop naïfs et gardez toujours la tête sur les épaules.
Soyez vous-même, car le meilleur réside dans l’humilité.
Ne vous exaltez pas trop, mais aussi ne vous sous-estimez pas, parce qu’en football, impossible n’existe pas et vous avez tout ce qu’il faut pour le prouver.
Surtout que vous avez la chance de pouvoir compter sur vos aînés comme Omar, Tony, Lamine, Elhadji, Khalilou. ..sans oublier votre coach à l’esprit gagnant Aliou…
Sachez enfin que, comme nous disait, avant de nous quitter à la fleur de l’âge (36 ans), notre aïeul Frantz FANON, dans son livre fondateur pour la jeunesse africaine intitulé “Les Damnés de la terre” et écrit de mai à octobre 1961 : « chaque génération doit dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».
À vous et à vous seuls, chers frères, de la remplir.
Bonne chance pour la suite. ..
N’oubliez pas de prier pour votre ancien coach Abdou karim (Bruno), notre mentor Mansour et moi car nous en avons plus que besoin.
Que le bon Dieu vous assiste…Amen
Par Elhadji Daniel SO,
Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal
Ensemble, Construisons le Sénégal !
Eldasso@yahoo.fr
Suivant lettre posthume de Jules François Bocande aux Lions de la Teranga.