Dakarmidi – De tout le temps, j’ai été fasciné par les hommes de cœur et de raison en vertu de leur savoir-faire, mais également de leur comportement chevaleresque dans la société. J’ai découvert le Professeur Mounirou Sy il y’a quelques années, à la maison des écrivains « Keur Birago Bou Bess », à l’occasion d’une cérémonie de dédicace d’un livre du célèbre dramaturge Alioune Badara Bèye.
Ce jour-là, beaucoup d’orateurs avaient pris la parole pour rendre un hommage mérité à l’auteur dont l’ancrage dans le passé historique de notre pays est unanimement bien apprécié. Bien inspiré ce jour-là, le professeur Mounirou Sy, avec une éloquence rarement égalée, avait délivré l’un des plus beaux témoignages à l’auteur émérite du « Sacre du Tiédo », de « Ndeer en flammes », de « Maba laisse le Sine » et de « Demain la fin du monde », pour ne citer que ces quelques chefs d’œuvres. Cela dit, je voudrais faire un aveu : le livre de Mounirou mérite d’être lu et très largement diffusé, car il pose des thématiques intéressantes sur l’Afrique, soixante ans après les indépendances. Je félicite très chaleureusement l’auteur qui nous a permis de pérégriner dans le sanctuaire de ses généreuses pensées. J’ai donc pris la parole, parce que l’un des parrains était un ami de très longue date, je veux nommer feu Serigne Papa Malick Sy, Qu’Allah ait pitié de son âme.
Ma rencontre avec Papa Malick Sy date de 1954 à Tivaouane, où je suis venu me présenter à l’examen du certificat d’études primaires. Aux abords de l’école, se trouvait un groupe de jeunes, parmi lesquels Papa Malick Sy. Aussitôt, il s’est présenté à moi et m’a demandé si je le connaissais. J’ai acquiescé sans hésiter car à l’époque, sa photo circulait un peu partout dans le pays avec son célèbre béret Basque noir. Ensuite il me proposa d’aller chez lui pour me présenter à son père khalifa Ababacar Sy car, selon lui, nous avions beaucoup de traits de ressemblance. Pour sceller notre amitié, il finit par m’offrir son fameux béret. Depuis donc 1954, il y’a de cela 67 ans, nous avons entretenu les meilleures relations malgré le poids de nos charges respectives.
Serigne Papa Malick Sy était un homme affable, très cultivé, et viscéralement enraciné dans les valeurs de son terroir. Il avait plusieurs dons parmi lesquels : la naissance, la beauté, l’éloquence, le savoir-vivre, et le savoir-faire. Il n’était ni orgueilleux, ni isolationniste, grâce à une éducation de base dont le premier maître était son vénéré père Khalifa Ababacar Sy, cette barque qui ne tangue point, ce roseau qui ne rompt point, cette embarcation sûre qui ne craint ni vent, ni tempête et qui arrive toujours à bon port. Papa Malick avait tellement maîtrisé les réalités de notre époque que le stress n’avait aucune prise sur lui. Sa mort avait provoqué un émoi dans tout le pays, tellement l’homme était l’ami de tout le monde. Il est donc parti, comme s’en iront tant d’autres et tant d’autres encore.
C’est cette loi de Dieu qui conditionne la continuité de l’espèce humaine. Papa Malick Sy fait partie incontestablement des hommes qu’on n’oublie pas, grâce à son intelligence en mouvement, à son port jamais pris en défaut, et à sa parfaite connaissance du pays et de ses habitants. Tu seras omniprésent dans nos prières afin que ta demeure soit arrosée de lumière limpide comme les ruisseaux d’Allah swt.
Adieux mon cher ami, toi qui es parti emportant dans ta tombe, toute la gloire de ta génération. Inalilahi wa ina ileyhi rajihoun.
Je profite de cette occasion pour saluer la mémoire de l’éminent Professeur Iba Der Thiam qui n’a pas vécu inutile. Pour tous ceux qui veulent réussir dans la vie, feu Iba Der Thiam se positionnait comme un exemple à offrir et un modèle à copier..
Enseignant émérite, syndicaliste chevronné, homme politique de grande envergure, Iba Der Thiam a semé sur les terres de son chemin les plus belles fleurs de l’avenir. D’une intelligence très largement au-dessus de la moyenne, sans compter son grand art oratoire, Iba Der Thiam pouvait être considéré comme l’un des plus grands serviteurs de notre pays. Rien ne pouvait le surprendre en politique car, il avait bien compris les paroles évangéliques d’Edouard Daladier, paroles selon lesquelles, « la politique n’est ni une morale, ni une logique, mais une dynamique généralement irrationnelle »
Des hommes et des femmes qui incarnent les mêmes valeurs que feu Iba Der Thiam, notre pays en regorge. Le passé de notre pays, son présent et son avenir, sont des terreaux fertiles sur lesquels on peut semer les plus belles graines d’espoir. Merci très cher professeur Mounirou pour tes belles œuvres qui ont un commencement mais qui n’ont pas de fin. Puisse Allah répandre sur nous ses faveurs éternelles.
Majib Sène