C’était devenu inévitable. La pression était trop grande. Les Jeux olympiques de Tokyo, prévus initialement en 2020, ont été officiellement reportés « au plus tard à l’été 2021 » en raison de la pandémie de coronavirus.
Le Comité international olympique (CIO) en a fait l’annonce mardi. Depuis la première édition en 1896, il s’agit du premier report des Jeux olympiques en dehors d’une période de guerre.
« J’ai proposé de les reporter d’environ un an et le président du Comité international olympique [Thomas] Bach a accepté à 100 % », a déclaré le premier ministre du Japon Shinzo Abe devant les caméras de télévision.
Le premier ministre a fait cette déclaration à l’issue d’une conférence téléphonique avec M. Bach.
C’est un énorme coup dur pour la ville de Tokyo et le Japon, qui se préparaient minutieusement depuis des années à accueillir le plus grand évènement sportif de la planète du 24 juillet au 9 août, suivis des Jeux paralympiques du 25 août au 6 septembre.
Les autorités japonaises et le CIO ont été longtemps réticents à envisager officiellement de modifier le calendrier des JO.
Mais la pression d’athlètes, puis de fédérations sportives nationales et internationales, devenait de jour en jour plus forte avec la propagation inexorable du coronavirus, apparu en Chine fin 2019 et qui sévit désormais massivement ailleurs dans le monde.
La maladie COVID-19 a fait au moins 16 961 morts dans le monde depuis son apparition en décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 7 h, heure du Québec.
Plus de 386 350 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 175 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.
Par voie de communiqué, le CIO a déclaré ceci :
« Le président Bach et le premier ministre Abe ont partagé leurs craintes au sujet de la pandémie et de son impact sur la vie des gens, ainsi que sur l’impact qu’elle pourrait avoir sur la préparation des athlètes.
« La propagation imprévisible du virus a mené à une détérioration des conditions dans le reste du monde. Hier, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a reconnu que la pandémie ‘s’accélérait’. Il y a maintenant 375 000 cas enregistrés à l’échelle planétaire, dans pratiquement tous les pays. Le bilan s’alourdit d’heure en heure.
« Dans les circonstances, et au su des dernières informations fournies par l’OMS, le président du CIO et le premier ministre du Japon ont convenu que les Jeux olympiques de Tokyo devaient être reprogrammés plus tard qu’en 2020, mais pas plus tard que l’été 2021, dans l’objectif de protéger la santé des athlètes, de tous ceux impliqués dans les Jeux olympiques et de la communauté internationale.
« Les leaders ont convenu que les Jeux de Tokyo pourraient devenir une source d’espoir mondiale durant ces moments difficiles et que la flamme olympique pourrait être perçue comme la lumière au bout du tunnel. La flamme olympique restera donc au Japon. Il a aussi été convenu que les Jeux garderaient leur nom actuel, Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020. »
La pression augmentait
Dimanche, Thomas Bach avait fait savoir qu’une décision sur le report potentiel des Jeux serait prise au cours des quatre semaines suivantes. Toutefois, la pression s’est accentuée alors que des fédérations nationales, des organisations sportives et des athlètes ont manifesté leur mécontentement.
Plusieurs athlètes canadiens étaient du nombre. Le Comité olympique canadien s’était d’ailleurs présenté en précurseur en annonçant dimanche soir que ses athlètes n’iraient pas aux Jeux olympiques s’ils étaient présentés tel que prévu à l’été 2020.
L’ancienne hockeyeuse canadienne Hayley Wickenheiser a été la première membre du CIO à se distancier de la position de Bach, qui avait déclaré que les Jeux allaient avoir lieu comme prévu, lorsqu’elle a critiqué publiquement l’inébranlable stratégie de l’organisme.
Après l’annonce du report des Jeux, elle a écrit sur Twitter que la décision était le « message que les athlètes méritaient d’entendre ».
« À tous les athlètes : prenez une bonne respiration, ressaisissez-vous, prenez soin de vous et de vos familles. Votre moment va venir », a-t-elle aussi écrit.
Les organisateurs devront maintenant se pencher sur la façon de poursuivre les opérations pendant une autre année tout en s’assurant que les sites de compétition demeurent adéquats pour une période additionnelle possible de 12 mois.
« Il peut se passer beaucoup de choses en un an, et nous devrons donc penser à ce que nous devons faire, a déclaré Toshiro Muto, directeur général du comité organisateur. La décision nous est arrivée soudainement. »
-Avec la Presse canadienne et l’AFP