Le Sénégal a la chance d’avoir des filles et des fils qui ont honoré leur pays par leur savoir et leur apport fécondant dans l’Islam confrérique. Ils sont légion dans ce pays qui occupe un rang apprécié dans le monde islamique. Ces illustres fils qu’on rencontre dans toutes les régions du pays, s’illustrent par leurs efforts permanents, à faire de l’Islam un tremplin vers la félicité.
Parmi ces vénérables fils du pays, me revient Serigne Hady Touré, ce soufi intraitable révélé par Cheikh Seydi Hadj Malick Sy RTA, son prestigieux maître qu’il a rencontré un jour de 1911. Ce dernier avait tout de suite découvert les qualités de cet adolescent qui, tel un soleil d’été, éblouissait de sagesse. L’esprit alerte, la mémoire prodigieuse, le regard pénétrant, il se positionnait déjà comme un homme de Dieu capable de réflexions judicieuses et d’actes salutaires.
Mawdo s’occupa de son éducation dans les règles édictées par le Coran et la Tradition Prophétique avec la rigueur et l’enthousiasme qu’on lui connaissait. Hady Touré fut un apprenant exemplaire, avide de connaissances et le prouva tout au long de sa formation littéraire, philosophique, sans oublier les mathématiques, l’astronomie et la science se rapportant à l’agronomie. Autant Seydi Hadj Malick était un professeur de classe exceptionnelle, autant son élève étonnait par son intelligence peu commune et son aptitude congénitale à briller dans toutes les matières. Ce n’est qu’en 1922, après le rappel à Dieu de Mawdo, qu’il retourna à Fass, son terroir d’appartenance. Il épousa l’une des filles de son maître qui, auparavant, lui avait confié l’éducation de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh.
L’homme avait une mémoire éléphantesque si l’on en juge par le nombre de matières impressionnant qu’il avait maîtrisées au point d’être comparé parmi l’un des grands savants africains de son époque. L’une de ses merveilleuses réalisations est la mosquée qu’il a dessinée et construire sans aucun pilier. Elle est toujours à Fass, superbe et majestueuse défiant le temps et ses érosions. Ses poèmes écrits simultanément en arabe et en wolof, ont permis à bon nombre de musulmans sénégalais de s’imprégner du Coran et de la doctrine du tijanisme sa confrérie religieuse.
Quand il est revenu de la Mecque dans les années cinquante, il a composé un fabuleux texte en wolof sur les Lieux Saints de l’Islam et sur toutes les étapes du pèlerinage. Ce texte était un miroir pour les aspirants à ce voyage difficile à l’époque surtout pour ceux qui n’étaient pas outillés en arabe. Il était un avant gardistes méticuleux capable de dénouer les situations les plus complexes grâce à ses immenses capacités intellectuelles et à son sens de l’anticipation. Petit fils du célèbre guide religieux Khaly Madiakhaté Kala, il s’était illustré dans l’enseignement coranique, dans l’élevage et, surtout, dans l’agriculture, convaincu que la terre ne ment pas. Son Daara jouit d’une grande réputation dans le pays en raison du nombre incalculable des Moukhadam qui y sont formés.
Serigne Hady Touré était un intellectuel multidimensionnel qui avait consacré sa vie à l’Islam intégral pour ne pas dire à l’Islam des lettrés. Né en 1894, il fut rappelé à Dieu en 1979 et enterré à Fass, son terroir d’appartenance situé dans le département de Kébémer non loin de Darou Moukhty. Le Sénégal se souviendra toujours de cet homme de Dieu accompli dont la vie et l’œuvre sont imprimées en incuse d’Oracle sur la terre sableuse du Cayor. Plaise à Allah SWT qu’il vive éternel dans la clarté des étoiles amine.
Majib Sène