Jamais de mémoire de journaliste, je n’ai assisté à une cérémonie d’hommages où tous les témoignages ont été unanimes. Unanimes sur le ton. Unanimes sur la rhétorique. Unanimes sur la qualité du récipiendaire. Cet grandissime honneur, seule Rahmatou Samb Seck, auteur de plusieurs ouvrages, lauréate du grand prix du Président de la République, et marraine de la 29e édition de la journée de l’écrivain noir en a eu le privilège.
Le Rwanda, pays invité d’honneur, a été bien représenté par des personnalités de haut rang notamment, le Secrétaire d’état à la culture et le président de l’Association des Écrivains Rwandais. Ce pays aux mille collines a su gérer son destin au point de devenir, aujourd’hui, l’une des plus belles références africaines en matière de développement.
De Alioune Badara Bèye, en passant par Moumar Guèye et tous les intervenants, la marraine a été décrite comme l’une des plus prestigieuses déesses de la littérature sénégalaise, voire africaine. Non seulement sa maîtrise du français est incontestable mais elle a un art unique de peindre et de dépeindre les personnages de ses romans en les rendant vivants, perspicaces, lugubres mais aussi maniaques et démonstratifs par moment. Cette grande dame appartenant à l’ethnie lébou, est enracinée dans le terroir de son village d’appartenance dont les baobabs et fromagers ont les racines profondément enfouies dans la terre vivante et froide de Mame Coumba Lamb, la veilleuse tutélaire. Cet enfouissement leur permet de résister à tous les vents destructeurs comme sait résister notre adorable Rahmatou, à tout ce qui dénature le genre humain, en particulier la race noire. Il est impossible de ne pas succomber aux charmes conquérants de la plume de Rahmatou qu’elle ne cesse de tremper dans l’encrier de la fécondité, afin de toujours produire des œuvres qui émeuvent la sensibilité et ravissent l’imagination.
En parcourant ses ouvrages dont, en particulier, “À l’ombre du négus rouge” et “Fergo” tu traceras ta route, on ne peut s’empêcher de s’émouvoir devant l’abondance de ses sources d’inspiration qui coulent comme les chutes du Niagara. Sa courtoisie proverbiale, sa sagesse débordante et sa simplicité à l’image des âmes sereines, font qu’elle est aimée de beaucoup. Elle se sert de sa plume généreusement inspirée pour mener son combat pour la libération totale du genre humain contre toute forme d’exploitation. Elle se bat non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes car, dans le cadre que voilà, elle s’interdit l’exclusion. Le monde tel qu’il évolue aujourd’hui, a fortement besoin de prendre appui sur les femmes et hommes de cette envergure, pour mieux baliser les voies qui mènent vers l’émergence.
Je remercie infiniment l’Association Nationale des Écrivains du Sénégal, qui a créé un prix qui porte mon nom pour la presse littéraire. Cet honneur m’est allé droit au cœur tant pour ma part, je ne l’attendais. C’est l’occasion d’inviter mes consœurs et confrères à davantage soutenir les arts et lettres de notre pays dont l’affirmation et la notoriété ne peuvent être pérennes sans notre concours. Il s’agit, pour tout dire, pour nous journalistes et eux les écrivains, de sceller un mariage d’amour et de raison. Rahmatou Seck Samb en sera la marraine.
Mes félicitations vont au premier lauréat de ce prix qui n’est autre que l’inimitable Sada Kane. Ses prestations littéraires à la télévision sénégalaise et actuellement à la 2stv, sont d’un niveau élevé, tant l’homme a l’art d’enjoliver ce qui est laid et plus beau ce qui l’est déjà.
Majib Sène