Dakarmidi – Le Sénégal, pays de longue tradition politique traverse sur ce plan précis une ébullition qui ne veut pas dire son nom. Souvent la politique politicienne prend le dessus sur tous les plans, assortie de comportements éhontés où l’intolérance méprisante ne le cède en rien à l’impolitesse.
Les images désolantes que nous renvoient très souvent les séances plénières de l’assemblée nationale, en sont une brillante illustration. La preuve : la dernière plénière consacrée au projet de loi sur le terrorisme qui a divisé une fois de plus majorité et opposition.
Des séances de pugilat dignes des arènes sénégalaises, des invectives et des injures entendues de toutes parts, des querelles de bornes fontaines, tout y était sans retenue aucune. Des paroles jugées blessantes, sorties de la bouche du Ministre de la Justice, garde des sceaux ; des réactions de parlementaires au-delà du tolérable, un brouhaha indescriptible, des supplications et rappels à l’ordre sans effet du président de séance, toute cette laideur avait bloqué la poursuite normale des travaux.
Seul le Président de séance, Son Excellence Monsieur Moustapha Niasse, toujours égal à lui-même en de pareilles circonstances a fait preuve d’intelligence politique, de maturité, mais aussi de tolérance pour apaiser la situation, alors que sur la base du règlement intérieur qu’il a rappelé opportunément, il pouvait sévir.
Dans ce honteux désordre qui a caractérisé cette séance de l’Assemblée Nationale, nous sommes en droit de nous inquiéter et de nous questionner sur le choix des représentants du peuple à l’institution parlementaire.
Certes, l’histoire nous renseigne que dans tous les pays, les parlements ont souvent été des instances de turbulences et de discorde, surtout quand les intérêts politiques sont divergents ; mais en tout état de cause, la palme revient au Sénégal, même si on peut considérer cette plaie puante qui trône sur le front de notre parlement, comme une simple parenthèse.
Mais de grâce, sachons raison gardée pour éviter de semblables déconvenues qui déshonorent et qui entachent la crédibilité de notre pays.
Cette législature a été quelquefois, le théâtre désolant de turbulences regrettables, entre parlementaires qui n’ont pas hésité à en venir aux mains pour des broutilles. En plus de cela l’absentéisme de beaucoup de députés aux travaux de l’hémicycle est à déplorer. Pourtant au moment des investitures c’est partout la bousculade et même parfois de batailles sanglantes pour figurer sur les listes. Tous ces faits et tous ces manquements sont incontestablement de nature à disqualifier la valeur morale et politique de la fonction de parlementaire au Sénégal.
L’assemblée nationale ne fait pas que des plénières. Elle a une administration bien structurée et des commissions techniques qui préparent le travail des séances plénières qui intéressent beaucoup plus les médias. Des journées portes ouvertes devraient être pérennisées pour permettre à ceux qui le désirent de mieux se familiariser avec l’institution parlementaire.
Il est évident que tous les députés ne sont pas à mettre dans le même sac, tant parmi eux on en trouve qui se dévouent à leur tâche de parlementaire, avec un dévouement et une abnégation absolument remarquables. Ceux-là ont compris, mieux que personne, ce pourquoi ils ont été élus et le démontrent sans discontinuer. Par ma voix, qu’ils reçoivent ici toute la reconnaissance de la nation.
Pour avoir suivi pratiquement la plupart des séances plénières, je dois en toute objectivité, saluer la compétence du Président Moustapha Niasse. Malgré les soubresauts du parlement, malgré L’humour et l’humeur de ses collègues, je ne l’ai jamais vu se départir de sa courtoisie proverbiale. Homme de nuance mais également de fermeté quand la situation l’exige, il possède l’art majeur de sortir la belle parole, celle-là qui assure et rassure. Pour un bon président, on ne pouvait pas mieux trouver. C’est absolument ma conviction.
Majib Sène