Le Sénégal, parmi les pays africains, est l’un des rares a avoir organisé des élections depuis fort longtemps. Certes, certaines catégories de violences, verbales ou physiques, avaient fait irruption dans ces joutes électorales entraînant parfois mort d’hommes. De Lamine Guèye à Senghor, et même présentement, rares sont les élections qui se déroulent chez nous sans quelques notes de violence. Les discours des leaders politiques pendant les campagnes ne sont pas étrangers à ces violences, s’ils n’en sont pas les détonateurs. Mais la société sénégalaise, telle qu’elle évolue maintenant, ne devrait guère manquer d’intelligence pour ne plus tomber dans des travers dont la persistance risque de fragiliser, voire détruire toutes les soupapes qui garantissent la paix et la fraternité entre des citoyens issus d’un même peuple, partageant la même foi et poursuivant le même but. Vouloir gagner coûte que coûte une élection, c’est faire preuve d’ignorance et de mépris des principes fondamentaux qui gouvernent la démocratie. Chaque citoyen jouissant de la totalité de ses droits, peut briguer les suffrages du peuple, tout comme le peuple a le droit de confier librement son destin à ceux qu’il aura choisis. Mais les discours teintés de haine, les querelles byzantines et scolastiques, n’apportent rien de bon, ni à leurs auteurs, ni à ceux qui les écoutent.
Pour les élections du 23 janvier prochain, les voix de la sagesse, celles des guides religieux et même des communicateurs traditionnels ont invité au calme et à la sérénité afin que ces consultations se déroulent sans violence sur toute l’étendue du territoire national. Chaque victime d’une violence peut être un frère, un ami, un voisin et tout simplement un compatriote. L’évolution actuelle de notre peuple nous interdit d’être des plaisantins et des moins que rien pour enfourcher le cheval de la haine et de la violence tous azimuts. C’est dans le respect absolu des principes qui sont ceux du respect mutuel, de la concorde et de la fraternité que nous protégerons ces élections qui ne sont pas pour notre pays, une fin en soi.
Proférer et entretenir des injures et des menaces, s’acharner dans la destruction des biens publics et privés, provoquer des incendies et verser le sang, n’avance pas le pays dans ses perspectives de développement. Seule la sérénité et le bon sens sont les leviers sur lesquels nous pouvons prendre appui pour réaliser nos rêves. Vivement que tous comprennent ce message et faire en sorte que ces élections se déroulent sans violence et sans anicroche. C’est notre seule et unique prière.
Majib Sène