N’ayant pu brider mon esprit, il s’est détaché de moi pour entreprendre une longue pérégrination dans le Sénégal d’hier. Me viennent les souvenirs d’hommes et de femmes dont le comportement dans la société est tout à fait exemplaire. Cheikhou Oumar Foutiyou Tall, « le Torodo » aux élans féconds, Mawdo Malick Sy, le distingué chantre attitré du Prophète Mouhammad (PSL), Cheikh Ahmed Bamba le serviteur adoré de Taha (PSL), Limamoulaye Yoff, le dompteur de la mer, Boucounta Ndiassane, le ciseleur des destins et tant d’autres qui se bousculent dans ma mémoire.
Ce furent les cas du Président Poète Léopold Sédar Senghor, l’avocat maître Lamine Guèye qui a honoré sa robe noire, Mamadou Dia, qui a signé l’acte donnant l’indépendance au Sénégal, les Présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et présentement Macky Sall, qui apparaissent à mes yeux comme des démiurges en vertu de l’ensemble de leurs œuvres pour l’épanouissement intégral du peuple sénégalais.
Je pense à nos braves femmes, symbolisées par la Reine du Walo, éternelle Ndieubeut Mbodj, Caroline Faye, première femme parlementaire et ministre, Mame Madior Boye, première ministre qui a ouvert la voie à Aminata Touré, à Hadja Arame Diène, qui a introduit les langues nationales au parlement et à toutes les égéries qui ont apporté leurs touches particulières à l’évolution historique de notre peuple toujours debout, jamais couché.
Je pense à Majmouth Diop « Borom mome sa rew », à Cheikh Anta Diop m, le pharaon du savoir, à Birago Diop pour qui les morts ne sont pas morts, à Kocc Barma Fall, le sage philosophe du Cayor, à Alboury Ndiaye, le Bourba Djolof, qui dort dans la terre humide de Dosso au Niger et à tous nos héros et héroïnes morts sur le chemin de l’honneur, à l’image de Lat Dior Ngoné Latyr Diop sans doute, le Damel le plus prestigieux de toute l’histoire du Cayor.
Je pense aux teigneux syndicalistes Aïnina Fall et Ibrahima Sarr, et tous les autres qui ont marché dans leur sillage avec honneur et dignité. Abdourakhmane Ndiaye Falang, le plus grand lutteur sénégalais de tous les temps avec ceux qui sont partis après lui. Jules François Bocandé, Papa Bouba Diop, Domingo Mendy, et tous les prestigieux sportifs qui nous ont quittés, font partie de ceux qui meublent nos souvenirs. Les hommes et les femmes d’honneur qui ont contribué au prestige du pays sont si nombreux qu’on ne saurait tous les citer de peur d’en oublier. Par leur courage, par leur sagesse et leur esprit de sacrifice, ils ont ouvert la voie à tous ceux qui, aujourd’hui, participent à asseoir la grande notoriété de notre peuple, fier et altier cheminant honorablement sur les chemins de l’émergence.
Je ne commettrai pas un crime de lèse-majesté en oubliant Alassane Ndiaye Alou, celui que maître Boubacar Ly appelle dans l’ouvrage qu’il lui a consacré, « l’âme d’un peuple ». Alou notre maître à tous, a balisé la voie du reportage sportif, pour nous qui sommes venus après lui et pour les générations de reporters. Sa voix limpide, douce et violente comme la vie, son éloquence et ses belles sources d’inspiration, ont fait de lui un grand seigneur du micro. Sa passion pour le sport est connue de tous sans oublier sa vocation d’enseignant émérite.
Je pense à Lamine Diack qui vient juste de nous quitter après avoir bien servi son pays, l’Afrique et le reste du monde. Mes pensées vont à Abdoulaye Sadji et Ousmane Socé Diop qui pour moi, font partie des plus brillants écrivains du Sénégal. Je pense à nos valeureux agriculteurs et éleveurs qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes avant d’aller se reposer dans les lits de l’éternité. À toutes et à tous, je leur dédie cette chronique en priant pour le repos de leurs âmes.
Le Sénégal est un pays qui se distingue par la qualité de ses filles et fils, dont le savoir faire et l’abnégation, lui ont permis de réaliser des avancées significatives dans tous les secteurs d’activité de la vie nationale. Ceux-là, qu’ils soient jeunes ou vieux, ont apporté et continuent d’apporter leur pierre angulaire dans la construction nationale. La génération d’aujourd’hui doit absolument pendre exemple sur ces héros d’hier qui ont subi toutes sortes de brimades mais n’ont jamais renoncé à leur devoir citoyen. Les querelles byzantines et scolastiques, les faux fuyants et les prétentions démesurées, doivent être bannis pour céder la place à l’effort solidaire qui, seul, peut nous permettre d’atteindre la terre promise de l’émergence.
Majib Sène