Je me suis résolu à écrire une chronique sur Pathé Fall Dièye après plusieurs vaines tentatives. Je n’ai jamais su par quel angle commencer mon texte, tant l’homme me parait à la fois proche et lointain. Cela semble difficile à comprendre en raison de mon compagnonnage avec lui qui a duré pendant plusieurs décennies. Chaque mot choisi m’a paru faible pour camper le personnage réel de cet homme fascinant, séduisant, intelligent plein d’amabilité et de bonnes convenances. Enseignant puis journaliste émérite, Pathé Fall Dièye après Allou, n’avait pas son pareil dans le reportage sportif. Son langage savoureux, conquérant, et subtile, imagé et captivant, avait le pouvoir d’absorber l’auditeur même si cela devait durer des heures et des heures. Il n’avait pas de semblables dans l’art de décrire les belles actions d’un match de football grâce à un langage mielleux où poésie et prose alternent sans s’entrechoquer. Partageant le micro avec lui, je succombais au charme de son langage à telle enseigne qu’il m’est arrivé parfois d’hésiter à prendre le relais. Au fil du temps, nous avions réussi à construire une complicité acceptée par tous si bien que parfois, on nous confond dans la rue, lui devenant Majib et moi devenant Pathé. Je me flattais de cette confusion car, pour ma part personnelle, Pathé est un maître avec une générosité exceptionnelle. À ses côtés, j’ai appris énormément de choses utiles dans notre difficile métier de journaliste, évoluant sur une matière volage qui a, sans honte, l’outrecuidance de contredire aujourd’hui, ce qui hier, était sa vérité. Le sport est ainsi fait d’autant plus qu’il se prévaut de n’être pas une science exacte.
Deux fois directeur de la radio, une fois directeur de la télévision, l’homme incarne toutes les qualités d’une icône de l’audiovisuel. Pas une fois, il n’a essuyé de critique sur sa manière de gérer la boîte, tant il est méticuleux. Sachant la sensibilité de l’instrument qu’il dirigeait, il lui accordait une attention soutenue et en imposait le même respect à l’ensemble de ses collaborateurs. Pathé a fortement marqué son passage à la RTS. J’ai le plus grand plaisir de le saluer à travers cette chronique et de lui renouveler ma profonde et affectueuse sympathie.
La force de Pathé Fall Dièye, c’est d’être un croyant qui pratique l’Islam sa religion, avec sincérité, avec une profonde conviction. Il a élevé toute sa fratrie dans cette dynamique et plaise à Dieu qu’il en soit toujours ainsi par la Grâce de l’Intercesseur PSL.
Il n’y a guère longtemps, la mort dans sa souveraineté incontournable, a arraché à notre affection, sa tendre épouse avec qui il a vécu pendant plus d’un demi siècle. Les circonstances ont fait que je boucle la chronique sur cette note triste qui fait que la mort n’est rien d’autre que la volonté de Dieu qui conditionne la continuité de l’espèce humaine.
Majib Sène