Patrice Motsepe de nationalité sud-africaine, est à vrai dire un illustre inconnu dans le monde du football africain ; pourtant c’est lui qui est maintenant à la tête de l’organisation continentale il y’a quelques mois de cela, après la mise à l’écart du malgache Ahmed Ahmad, dont le règne n’aura duré que le temps des phalènes. Le sud-africain milliardaire de surcroît, a fait les yeux fermés usage de son portemonnaie pour éliminer de potentiels adversaires, capables de le battre à plate couture, dont particulièrement le sénégalais maître Augustin Senghor, actuel président de la Fédération Sénégalaise de Football. Le dossier de ce dernier avait été bien ficelé et soutenu par bon nombre de fédérations ; mais avec la complicité arrogante du président de la Fifa qui a fait campagne non déguisée en faveur de Motsepe, et usant de manœuvres souterraines, un pseudo consensus a été trouvé pour éviter d’aller aux élections qui pourraient réserver bien des surprises. Là où la résistance a été forte, l’argent a fait le combat qu’il a fini par gagner. Usant alors de toutes ses prérogatives, il vient de procéder à des licenciements massifs au sein de l’administration de la CAF dans l’illégalité, car de l’avis de plusieurs observateurs, les règles de révocation n’ont pas été respectées.
En effet, l’Égypte qui abrite le siège de la confédération, a un code administratif qui s’impose à tous les travailleurs locaux exerçant sur son territoire. Si cela s’avère vrai, on est en droit de se demander comment peut on se débarrasser d’un employé sur la base d’un simple Sms et sans aucun préavis. Près d’une douzaine de cadres techniques et administratifs viennent de faire les frais d’un tel errement qui jure d’avec la morale, la logique, ou tout simplement le bon sens. Depuis, le président Thesema de l’Éthiopie qui a mis dans les fonts baptismaux les bases fondatrices de la confédération, et à un degré moindre le camerounais Issa Hayatou, l’instance continentale nage dans des eaux troubles avec la gestion scabreuse du malgache qui lui a valu la descente aux enfers.
Des hommes d’envergure internationale capables de mettre définitivement le football africain sur les rails de l’émergence ne manquent pas dans le continent africain. Nous devons nous départir de ce qui reste de notre mentalité d’assistés qui fait que dans bien des domaines, nous traînons les pieds si nous ne sommes à la remorque des autres.
Nous avions dénoncé le diktat de la Fifa sur l’administration du football africain. Notre drame c’est de nous sous-estimer alors que notre poids est absolument considérable. Le monde tel qu’il est aujourd’hui, dans tous les domaines ne peut pas se passer du continent africain dont on dit qu’il est le continent de l’avenir. Ce combat doit être porté au niveau de la confédération par des hommes comme maître Augustin Senghor, qui incarne des valeurs d’intégrité et qui y assume de très hautes fonctions.
Il faut que l’Afrique, qui compte cinquante six fédérations affiliées, ce qui est considérable, refuse de jouer les seconds rôles dans les instances sportives internationales. Jusqu’ici, le continent n’a que cinq places à la coupe du monde de Football. Vu le nombre de ses associations, il serait logique qu’il obtienne une sixième place. C’est un combat difficile, mais il faut le mener collectivement même si les pourfendeurs, tapis dans l’ombre sont prêts à tout pour piétiner nos revendications, sommes toutes légitimes. Il y’a des situations dans la vie qui ne se règlent que par la confrontation.
Tous ensemble, mobilisons nous pour faire respecter nos droits sans faiblesse coupable ni cruauté inutile. L’Afrique a entamé une marche irréversible vers l’émergence multisectorielle et dans le cadre que voilà, rien ne devrait ruiner ses ambitions.
Majib Sène