Dans chaque pays, il y a des femmes et des hommes qui font partie intégrante des belles références. Non pas seulement par la naissance qui est un critère d’appréciation dans nos valeurs de civilisation, mais par leur remarquable contribution dans la construction nationale. Après de brillantes études scolaires et universitaires, Moussa embrassa le métier de douanier jusqu’à en devenir l’un des tous prestigieux serviteurs.
Doté d’une conscience professionnelle remarquable et d’un engagement patriotique hors norme, il se vit confier le très lourd département de l’économie, des finances, de la planification et du commerce. De nos jours, ce département est scindé en quatre ministères pour souligner l’ampleur des responsabilités de l’époque et les moyens dérisoires mis à disposition. L’époque était marquée par plusieurs années de sécheresse ayant créé un paupérisme difficile à gérer. S’en suivirent les ajustements structurels, en plus de la dévaluation du Franc CFA ; un ministre à l’époque devait être un vrai « Diambar » pour faire face à cette situation des plus calamiteuses. Mais pour donner une impulsion plus dynamique à la coopération multilatérale du Sénégal, le Président Abdou Diouf le nomma ambassadeur en République Fédérale d’Allemagne, où pendant quatre années, il parvint à dynamiser la coopération entre nos deux pays. Les résultats satisfaisants qui ont marqué sa mission, provoquèrent sa nomination en 2004 à la présidence de l’Union Économique Monétaire Ouest Africaine UEMOA. Il servit à ce poste pendant près de six longues années, avant de quitter avec un satisfecit à la poche.
Rentré dans son pays et voulant sauvegarder son indépendance d’esprit, il se lança dans la politique en créant sa propre bannière. Tout ne fut pas rose dans cette nouvelle démarche malgré plusieurs participations à des élections. Au bout du compte, il finit par donner moins d’importance à la politique en se retranchant dans une sorte de retraite qui ne dit pas son nom.
Pour tout dire, Moussa Touré fut un fonctionnaire d’élite, mieux, un grand commis de l’État, intelligent, travailleur et très expérimenté. L’amour qu’il a pour son pays est si considérable et les nombreux services qu’il lui a rendus sont tels, qu’il est logique de lui tresser, aujourd’hui, des chrysanthèmes. Il fait partie des grands hommes qui ont construit ce pays petit par la taille, mais riche de la qualité de ses filles et fils. Je pense à ceux-là qui se sont sacrifiés rien que pour bâtir un avenir radieux à leurs successeurs. Il ont montré comment bâtir un destin plutôt que de le subir. C’est là, essentiellement, où se situent leurs mérites et c’est tout à leur honneur.
Majib Sène