Il est généralement admis que tout roman se définit comme une œuvre de fiction, c’est-à-dire une pure invention de l’esprit. Dès lors, le roman de Marie Cabou n’échappe pas à la règle, sauf que par moment, on a l’impression qu’elle se raconte avec la pudeur dont se voilent les femmes amoureuses. Si tel était le cas, l’on s’étonnerait de voir une femme africaine toute armée de courage, exposer sa vie intime au grand public, avec une ferveur déconcertante. Son langage est enrobé d’une passion difficilement contrôlable dès la première rencontre avec un homme qui a fait battre son cœur comme jamais il ne l’a été. Pourtant ce n’était pas le premier amour car elle avait déjà enfanté. Mais comme le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, on peut lui concéder ce débordement amoureux.
Tout au long de ses escapades amoureuses avec Elhadj qui a longtemps caché son jeu, Syma apparemment naïve, ne finissait pas de succomber aux charmes d’un coureur de jupons invétéré. Les invitations, les repas préparés à l’africaine, les randonnées galantes et les câlins, n’ont pas empêché Elhadj de partir au Sénégal sans dire au revoir à la pauvre Syma qui a failli en mourir de chagrins. Pour une déception, c’en était une pour Syma, au moment où elle pensait fortement que le poisson avait bien mordu. Puis comme par enchantement, ce furent les retrouvailles après le retour de Elhadj en France.
Si Syma était vraiment amoureuse de Elhadj, ce dernier était d’un amour platonique ; son objectif n’étant que de satisfaire ses désirs charnels. La rupture de leurs relations en fin de compte était prévisible et la femme, compte tenu de son engagement sincère, en a souffert plus que l’autre. Son âge, son expérience de la vie et son intelligence, devraient constituer une soupape de sécurité contre la séduction de Elhadj. Nul doute que la prochaine fois, elle s’y prendrait autrement. Le style d’écriture est simple, agréable à lire permettant une digestion sans problème. Aucun mot savant n’y figure, ce qui fait qu’il est à la portée de tout le monde. Toutefois, le récit aurait pu être plus poignant, plus méditatif et plus prenant. Mais pour une première, l’espoir est permis.
Majib Sène