Mansour Bouna Ndiaye fait partie indiscutablement des sénégalais qui auront marqué la fabuleuse histoire de notre pays. Cet honneur lui revient grâce à son riche vécu dans ce pays de Ndiadiane Ndiaye, où les « bours » et « teignes » ont construit au tour de leurs noms légendaires, des faits qui agrémentent notre vie en société. Son père, Bouna Alboury, a le plus marqué l’histoire du royaume du Djolof par son intelligence, sa générosité et sa vision prospective. Il a contribué à l’émergence du chemin de fer Louga – Linguère, creusé des points d’eau au profit de populations et des cheptels, sans compter son penchant pour l’agriculture, vu que le Djolof est des centres de l’élevage au Sénégal.
Ancien pensionnaire de l’école des fils de chefs construite par les colons, il s’est forgé une grande réputation de bâtisseur pour sortir ses concitoyens de l’obscurantisme. Mansour Bouna a donc marché sur les traces de son père en léguant sa vie à la postérité. Ancien maire de Louga son fief politique, Il eut le privilège de siéger à l’Assemblée Nationale où il joua un rôle de premier plan. Durant son mandat, il se battit de toutes ses forces pour faire voter la loi qu’on appelle Mansour Bouna, loi faisant de Achoura « Tamkharit », fête légale au Sénégal, chômée et payée.
Durant sa jeunesse, il milita activement dans les mouvements et associations pour faire de cette frange de la population, le fer lance dans la lutte pour notre accession à l’indépendance. Le cercle de la jeunesse de Louga était un excellent tremplin pour mener tous les combats de libération du joug colonial. Pour ce faire, la jeunesse de Louga prenait appui sur la culture en tant que facteur de conscientisation et d’implantation dans les valeurs fécondantes du peuple. Le conseil national de la jeunesse du Sénégal dont il fut un des membres les plus éminents, n’oubliera pas cet homme charismatique, fier de sa descendance, qui ne s’est jamais renié ni dans ses pensées, ni dans sa démarche dans la société. Attaché fortement aux valeurs de la religion musulmane, il épousa l’une des filles de Khalifa Ababacar Sy (rta), Sokhna Khady Sy, avec qui il eut de merveilleux enfants dont Maoumar Ndiaye, actuel PDG de la chaîne de télévision Asfiyahi.
Mansour Bouna avait la capacité de se surpasser dans les efforts à entreprendre pour le développement du Sénégal. Il avait une confiance constamment renouvelée à l’endroit de la jeunesse dont il était l’un des exemples les plus célèbres. Il considérait la culture comme l’un des plus puissants leviers de développement, raison pour laquelle il s’activait sans relâche au sein du conseil de la jeunesse. Grâce à des hommes comme lui, le cercle de la jeunesse de Louga avait connu un rayonnement exceptionnel portant en bandoulière les valeurs culturelles du Sénégal dans le monde entier. La culture est indéniablement un facteur de développement à tel point que le Président Senghor disait d’elle, qu’elle était au début et à la fin de tout développement. Grand opérateur économique, Mansour Bouna montrait toujours la voie à ses compatriotes en initiant ça et là, des projets générateurs de revenus.
Grand érudit en politique, il publia un ouvrage bien documenté intitulé les mémoires d’un enfant du siècle. Il y évoqua en connaisseur les politiques au Sénégal et celles des chefferies traditionnelles dont il est issu. Sa générosité était connue de tous ses compagnons de route qui, traversant des moments difficiles, avaient bénéficié de ses largesses comme savait le faire si bien, son défunt père Bouna Alboury.
Ce « Samba Linguère » des temps modernes, a vécu dans l’honneur et la dignité et avait fait du Sénégal sa terre d’asile. Il vivra éternellement dans nos mémoires car ayant été un grand pionnier dans l’accomplissement des œuvres utiles. Il quitta ce monde, laissant derrière lui, de beaux souvenirs qu’on racontera de génération en génération et ce, jusqu’à la fin des temps.
Repose en paix digne fils de Bouna, dernier Bourba Djolof.
Majib Sène