Manga II, fils des eaux bénites de Mama Guédj, la veilleuse de Fadhiout, l’île aux coquillages, a marqué de ses empreintes indélébiles, la lutte sénégalaise. Cette île, véritable nurserie des champions en herbe, a produit des athlètes d’une puissance extraordinaire, à l’image de Manga II qui a régné dans l’arène pendant plus d’une décennie, coiffé de la couronne royale. C’est le seul lutteur qui a quitté l’arène pendant deux ans, puis revenir plus fort qu’auparavant. Après sa défaite à ses débuts devant Mor Nguer, l’inimitable champion Abdourakhmane Ndiaye Falang, me prédisait le prestigieux destin de cet athlète racé, élégant et souple comme les lianes épanouies de sa contrée. La suite lui donna raison car tous ses adversaires mordirent la poussière devant lui.
Manga II a assimilé toutes les techniques de la lutte avec son courage indomptable, sa condition physique inépuisable, ses frappes dévastatrices et son sérieux dans ce qu’il faisait. De tous les rois des arènes sénégalaises, il présente le plus beau palmarès pour avoir terrassé des champions de légende toutes catégories confondues. Son entrée dans l’arène était un spectacle fort séduisant par ses pas de danse étourdissants, par les rythmes pleins de mysticisme des tam-tams, d’où il semblait tirer son pouvoir de vaincre.
Parti à la retraite, il n’abandonna pas pour autant la lutte pour s’être converti en promoteur. Manga II ne peut pas quitter la lutte parce qu’il a ce sport dans le sang. Il en connaît toutes les ficelles, toutes les astuces, en plus d’avoir quelques rudiments de la lutte gréco-romaine. Les sérères en général, symbolisent ce qu’il y a de mieux dans la lutte, ce sport vigoureux qui révèle l’homme à l’homme. Les arènes sénégalaises attendront longtemps avant d’avoir un champion de lutte de la dimension de Manga II qui savait soulever un enthousiasme délirant et communicatif dans l’arène. Les souvenirs qu’il nous a laissés, se bousculent dans nos mémoires et pour toujours, nous nous souviendrons de ce lutteur d’exception.
Majib Sène