Mame Boye Diao fait partie des jeunes cadres sénégalais qui ne laissent guère indifférents, pour la bonne et simple raison de leur passion pour la lutte. Originaire de Kolda, région située dans le sud du Sénégal, les koldois arborent la même identité culturelle que nos voisins de Guinée Conakry. Intelligents, courageux et travailleurs, ils s’identifient comme les amis indéfectibles de la nature dans tout ce qu’elle a de bien et de beau. La lutte qui se pratique partout dans le Sénégal des profondeurs, semble le lier d’amitié avec ce sport qui a la particularité et le pouvoir de révéler l’homme, à l’homme, par sa science et la riche variété de sa technique. Après donc des études bien réussies au primaire et au secondaire, il entra à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et en sortit avec les diplômes qui lui permirent d’aller à l’École Nationale d’Administration section impôts. Avec son grade d’inspecteur des impôts et des domaines, il gravit plusieurs échelons dans l’administration fiscale.
Travailleur, compétent et dynamique, on le nomma Directeur des Domaines en 2019. Ces importantes fonctions ne le détachent guère de la lutte, sport dont il connaît à merveille tous ceux qui l’ont rendu célèbre. Les souvenirs des champions d’hier et d’aujourd’hui se bousculent dans sa mémoire avec leurs exploits, mais aussi leur infortune dans l’arène. Abdourakhmane Ndiaye Falang, Fodé Doussouba, Falaye Baldé, Doudou Baka Sarr, Mame Gorgui Ndiaye, Manga II , Yékini, Mbaye Guèye et tant d’autres pour ne citer que ceux-là, font partie des icônes des arènes sénégalaises. Rien ne peut le départir de la lutte d’autant, qu’on lui fait parrainer des combats pour la gloire et l’honneur de ce sport.
La lutte a ce pouvoir de galvaniser les plus fébriles à fortiori, ceux dont la conviction, le caractère et la témérité peuvent déplacer des montagnes. Hélas, les récents événements qui se sont produits à l’Arène Nationale, suivis par un vandalisme honteux, sont de nature à dévaloriser ce sport et à lui coller une étiquette non conforme à sa vocation.
À travers sa passion, Mame Boye Diao prouve qu’il n’y a aucune antinomie entre le fait d’être un grand commis de l’État et avoir une complicité avec ce sport. Au contraire, entre le sport et les études, Il y a un mariage d’amour et de raison qui résiste aux velléités de divorce.
La lutte n’est pas seulement un simple passe temps, mais une activité culturelle, faisant partie intégrante de nos valeurs de civilisation. C’est une tradition de chez nous vieille de plusieurs siècles que nos anciens ont développée et entretenue le plus merveilleusement du monde. Ces athlètes bien sculptés, on les retrouvait pendant l’hivernage dans les champs et dans la conduite des troupeaux dans les pâturages. Après la récolte, ils se lançaient des défis au cours des séances de lutte nocturne, sous l’éclairage d’un ciel en période de pleine lune. Chaque village avait son champion qui faisait sa fierté qu’il considérait au demeurant, comme un véritable symbole. Au fil du temps, l’argent est venu imposer sa loi, faisant de cette activité humaine plus qu’un sport, mais un sport business.
Majib Sène