S’il y a des hommes qui sont allés rejoindre l’au-delà laissant derrière eux des souvenirs indélébiles, nous pouvons citer parmi eux, Mamadou Diop dit Diop le maire. Cet homme appartenant à la communauté Lébou, est issu des forces armées sénégalaises, particulièrement de la gendarmerie avec le grade de colonel. Avide de connaissances et bien versé dans les études, il décrocha deux doctorats en droit et en philosophie. Rarement, il m’a été donné de connaître un homme d’une intelligence exceptionnelle, capable les yeux fermés, de reproduire l’essentiel des contenus des livres qu’il a lus. Le Président Senghor l’ayant découvert, le fit quitter l’armée pour en faire le Secrétaire Général de la Présidence de la République à une époque où il fallait tout construire. Le travail remarquable qu’il accomplit dans ce haut lieu de l’administration sénégalaise, incita Senghor à lui confier d’importants postes ministériels dont la santé, l’urbanisme, l’habitat, les travaux publics et l’hydraulique. À l’époque, tous ces secteurs d’activité étaient regroupés au sein d’un seul département ministériel, pour une prise en charge plus rationnelle, dictée par le souci d’économiser le peu de moyens disponibles.
Mamadou Diop démontra partout sa capacité managériale, sa vision prospective et son sens très prononcé de la méthode et de l’organisation. Membre du bureau politique du Parti Socialiste, du Comité Central et Secrétaire Général de l’Union Régionale du Cap-Vert, il réussit brillamment sa mission de massification du parti jusque dans les zones les plus reculées de la région. Les présidents Senghor et Diouf trouvèrent en lui un collaborateur efficace, sincère, loyal et capable de dénouer les situations sociopolitiques les plus alambiquées grâce à son savoir fécond et à son ouverture d’esprit connu et reconnu de tous.
Député et maire de Dakar, il donna à ces fonctions une dynamique telle que son nom fût étroitement associé à la fonction de édile d’où l’appellation « Diop le maire ». Malgré toutes ces fonctions d’une importance capitale, il enseigna à l’université l’économie et les finances publiques. Beaucoup d’administrateurs civils sortis de l’École Nationale d’Administration, ont bénéficié de son vaste savoir qu’il portait partout en bandoulière. Spécialiste de la décentralisation, il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet tant de fois agité dans le pays. Membre du Conseil Économique, Social et Environnemental, il marqua une petite pause dans ce secteur pour ouvrir un cabinet d’avocat en vue d’aider ses compatriotes en délicatesse avec la justice.
Le 26 mars 2018, alors qu’on s’y attendait le moins, il quitta ce monde à l’âge de 82 ans, après tout de même une vie bien remplie. Il est impossible d’oublier « Diop le maire » en raison de ses remarquables états de service dont peuvent s’enorgueillir sa femme, ses enfants, et tous ceux qui l’ont connu. Il était un monument de la culture et de la politique qui a fait l’orgueil de la République qu’il a servie avec une compétence, un dévouement et une efficacité hors du commun. Toutes les fonctions qu’il a occupées, sont loin d’être une faveur, mais un mérite qu’aucun citoyen honnête ne peut contester. C’est avec un immense plaisir que nous nous souvenons de cet homme charismatique dont la vie, toute entière, a été consacrée à son pays qu’il a aimé d’un amour sans partage. Plaise à Dieu SWT, qu’il vive dans la clarté des étoiles et dans les splendides jardins du paradis.
Majib Sène