Dans l’intervalle d’une semaine, la mort a frappé en plein cœur dans le cercle des sportifs sénégalais. Partout où elle passe, elle sème l’horreur et la désolation. Celle du riche comme celle du pauvre, celle du connu comme celle de l’inconnu, elles ont toutes la même résonnance et le même degré de désarroi. La mort exprime la volonté de Dieu de conditionner la continuité de l’espèce humaine.
Youssoupha Ndiaye, frère cadet de Papa Ndiaye Ndéné, roi de Ngandiaye, situé en plein cœur du Saloum, est parti, emportant avec lui, dans sa tombe, toute la gloire de sa génération. Footballeur émérite, magistrat de haute stature, ministre d’une envergure exceptionnelle et membre fondateur du Tribunal du Sport, voilà en très peu de mots l’homme qui a été ravi à notre affection.
S’en est suivi un autre géant qui a marqué de son empreinte indélébile, la fabuleuse histoire du Conseil Supérieur du Sport en Afrique (CSSA). Durant ses trois mandats, il avait fini de faire de l’institution, le véritable gouvernement du sport africain. Inspecteur de l’éducation, de la jeunesse et des sports, ancien directeur de la formation des cadres au ministère des sports et secrétaire général de la conférence des ministres des sports des pays d’expression française, tel se présente, brièvement, Amadou Lamine Ba. Sportif pluridisciplinaire, il fut un brillant footballeur, doublé d’un athlète et basketteur de grande classe. Intelligent, éloquent et travailleur infatigable, il a consacré sans ménagement aucun, toute sa vie à son pays, à l’Afrique et au reste du monde.
L’autre mastodonte du sport, se nomme Sounkarou Traoré, ancien sociétaire du foyer France-Sénégal et du Jaraaf de Dakar dont il a été en un moment un des meilleurs entraîneurs. Membre fondateur et premier président du Sport Travailliste, il n’a jamais quitté le sport qu’il considérait comme sa deuxième religion. D’une sociabilité remarquable, il ne pouvait souffrir de voir quelqu’un dans la dèche, d’où son goût très prononcé du partage.
Tous ces trois qui viennent de nous quitter, ont marqué d’une pierre blanche leur passage sur terre pour y avoir vécu utilement. Plaise à Dieu de les recevoir dans ses splendides jardins, par la grâce de l’Intercesseur (Psl) amine.
Ainsi, sur chacune de ces trois tombes, on pourrait lire sans questionnement, l’épitaphe de Montherlant : « Passant ne me plains pas. J’ai reçu et j’ai donné dans une part convenable. Et c’eût été injuste que seul je fusse immortel ».
Majib Sène