Si la musique sénégalaise a atteint aujourd’hui une notoriété internationale, les femmes, à l’instar de kiné Lam Mambamba, y ont joué un rôle de premier plan. Elles sont nombreuses à occuper une place de choix dans l’univers musical de ce pays ouvert aux alizés des vents fécondants. Quand je découvrais Kiné Lam, il y’aura bientôt un demi siècle, elle avait l’allure des jeunes filles innocentes portant en bandoulière une voix belle, douce et violente comme la vie. Elle était toujours inspirée, capable entre deux tours d’horloge, de créer une chanson d’une exceptionnelle richesse. L’ensemble instrumental du Théâtre National Daniel Sorano la recruta car, à cette époque, il était difficile de trouver mieux qu’elle et rapidement, elle s’épanouit, encadrée par les Khar Mbaye Madiaga, Khady Diouf et tant d’autres au palmarès éblouissant comme un soleil d’été. Je suis fier d’avoir tant soi peu contribué à son rayonnement grâce à mes émissions à la radio et à la télévision, les grandes vedettes de la chanson sénégalaise ici, et nocturnes par là. Ainsi naquit sa chanson fétiche « Mame Bamba », qu’on finit par l’associer à son nom. Ensuite ce fut « Dogo », un titre qui rendit célèbre son époux Ndongo Thiam Dogo. Kiné Lam fait partie des plus grandes chanteuses sénégalaises, avec sa sensibilité, son intelligence, la richesse de ses expressions et sa volonté de toujours exceller dans la création. De mon point de vue, je ne connais dans ce pays, aucune diva meilleure qu’elle dans la création, dans la composition et, surtout, dans l’interprétation. En plus d’être chanteuse, elle est une remarquable historienne qui se ressource constamment dans le passé du Cayor, parce que appartenant à la grande famille des griots de ce terroir.
Si kiné Lam s’est partout distinguée dans la chanson, c’est parce qu’elle s’abreuve à la source féconde de la fabuleuse histoire du Cayor et, surtout, dans les arbres généalogiques de nos valeureux Damels et Teignes qui plaçaient au dessus de tout, l’honneur et la dignité. Cette grande vedette de la chanson sénégalaise, est, pourrait on dire, une grande école où on peut découvrir tous les secrets se rapportant à la chanson. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter religieusement ses différentes compositions pour admirer son ingéniosité. Toutes ses compositions ont exercé sur moi un réel bonheur au propre comme au figuré. Celle qu’elle a dédiée au grand communicateur traditionnel Hadj Mansour Mbaye, se positionne comme un chef-d’œuvre qui est entré pour de bon dans le sanctuaire de l’immortalité.
Kiné Lam dans son domaine est un patrimoine national dont l’œuvre artistique a traversé les frontières de notre pays. Dans ce Sénégal qui chemine victorieusement vers les terres promises de l’émergence, elle vivra toujours de sa voix douce et immuable capable d’insinuer dans nos veines, le sang de l’éternité. Plaise à Dieu qu’elle vive très longtemps encore, car elle fait partie de celles et ceux qui enflamment nos cœurs.
Majib Sène