Si je devais désigner l’homme politique sénégalais le plus doué de sa génération, je choisirais sans sourciller, Khalifa Ababacar Sall. Depuis les Jeunesses Socialistes en passant par l’école du Parti Socialiste, le comité central et le bureau politique, il est omniprésent dans tous ces organes avec des responsabilités qu’il savait toujours assumer avec intelligence, clairvoyance, dignité et responsabilité. L’homme qui paraît taciturne est pourtant très loin de ce qualificatif. Il suffit de le trouver dans son milieu naturel pour mieux l’apprécier surtout dans ses interventions qui sont toutes de qualité intellectuelle admirable, voire politique. Son compagnonnage avec Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, ces mastodontes politiques, lui ont permis de se forger à meilleure école, raison pour laquelle il est l’un des rares politiciens à savoir parler juste et sans ambages.
Avec un brillant cursus scolaire, universitaire et politique, il fait partie des sujets les plus attrayants du landerneau politique sénégalais dans lequel il est loin de faire nature morte. Membre de la délégation sénégalaise aux jeux olympiques de Moscou en 1980, j’avais le privilège de rapprocher cet homme et de découvrir, plus en profondeur, ses qualités intellectuelles et humaines, son humanisme de bon aloi et son amour viscéral pour son pays d’appartenance, le Sénégal. Plusieurs fois député et membre du bureau de l’Assemblée Nationale, plusieurs fois ministre dans les gouvernements du Président Abdou Diouf, l’homme traîne derrière lui une exceptionnelle expérience dont notre pays a besoin pour hâter sa marche résolue vers les terres promises de l’émergence. Il avait joué un rôle majeur dans la refondation du conseil national de la jeunesse du Sénégal, véritable creuset d’éducation et de formation des jeunes. Déstabilisé dans ses fonctions de maire de Dakar où, neuf années durant, il occupait le fauteuil de maire. Il connut la prison et, dans le même temps, perdit son poste de député à l’Assemblée Nationale. Ces accidents de parcours souvent immanquables en politique, n’ont fait que renforcer sa foi sachant que nul ne peut échapper à son destin. Elargi de prison après plusieurs mois de claustration, il est tout heureux de retrouver les siens, de renouer avec la politique même si pour le moment, il a perdu ses droits civiques. De notre point de vue, un sujet politique d’une telle envergure, mérite de retrouver l’intégralité de ses droits en raison des nombreux services qu’il peut encore rendre à son pays. Si ce vœu se réalisait, ce serait tout bénéfice pour notre cher pays qui a besoin de toutes les intelligences de ses filles et fils pour réaliser harmonieusement son destin, dans l’unité et la fraternité.
Durant ces moments d’incarcération, l’homme n’a jamais pleurniché encore courbé l’échine faisant preuve de solidité morale et de comportement irréprochable devant le coup implacable du destin. Sans faire preuve de sentimentalisme encore moins tomber dans les avatars de l’émotion, je plaide pour l’unité de notre peuple qui le mérite bien si l’on se réfère aux retombées positives de la coupe d’Afrique dont l’acquisition a correspondu à nos vœux unanimes. Quand notre peuple est uni, rien ne peut lui résister.
Majib Sène