Dans les premières années de notre indépendance, est apparue dans le paysage artistique, une nouvelle vedette de la chanson. Cette étoile a illuminé le ciel du Sine et celui de Dakar avec un enchantement hors du commun. Cette diva s’appelait Khady Diouf dont la belle voix belle, douce, immuable et inaltérable, était distillée sur les ondes de Radio Sénégal, le seul médium qui existait autrefois au pays.
Elle chantait « Ndèye wassanam », une mélopée dédiée à son amie d’enfance qui a perdu la vie en donnant la vie. C’est cette chanson fétiche qui a favorisé son recrutement dans l’ensemble instrumental du Théâtre National Daniel Sorano. La chanson était belle, pénétrante et prenante à tel point qu’en un moment donné, la musique principale des forces armées n’a pas hésité à l’insérer dans son répertoire. Les orchestres de la place firent de même avec des arrangements pleins de saveurs qui invitaient irrésistiblement à la danse. De fil en aiguilles, les troupes folkloriques sérères, plus particulièrement celles du sine, reprenaient la chanson avec des voix douces et mélodieuses qui semblaient surgir des ténèbres.
Avec un répertoire riche et varié, cette grande cantatrice s’est révélée ambassadrice incontestable de la culture sérère en Afrique et un peu partout dans le monde. Toujours égale à elle-même, elle a servi avec maestria l’ensemble lyrique traditionnel pendant près d’une quarantaine d’années sans répit, affichant une détermination rarement égalée dans l’accomplissement de sa mission. Si la culture sérère est de nos jours connue et appréciée, elle le doit en partie à cette fabuleuse diva avec sa voix de rossignol.
Pour avoir consacré l’essentiel de sa vie à la culture d’une manière générale, on lui doit une grande reconnaissance dont le Ministère de la culture serait l’initiateur principal. Dans tous les cas, on n’oubliera pas son nom qui se confond avec tout ce qui est beau dans la musique traditionnelle.
Majib Sène