Les Chroniques du Doyen – Honneur et gloire à nos femmes rurales (par Majib Sène)
Un ami de longue date m’a fait parvenir cette image saisissante illustrant nos femmes rurales au labeur. Après avoir sorti le mil du grenier, après l’avoir empilé dans le mortier, elles se mettent à trois pour séparer la bonne graine de l’ivraie. Opération pénible se déroulant sous une forte chaleur, nos braves femmes s’activent pour préparer le couscous devant servir de dîner. Pendant ce temps, les hommes devisent tranquillement sous les arbres à palabres, insouciants de la pénibilité des travaux ménagers qui laissent des traces sur le corps meurtris de celles qui sont nos mères, nos tantes et nos sœurs.
Cette image dont je parle a provoqué en moi une profonde émotion mais surtout un désir insistant de vouloir trouver coûte que coûte les moyens pour abréger les souffrances des femmes rurales. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’elles ne rechignent jamais à la tâche aussi dure et rude qu’elle soit. En plus de cela, il y a souvent le manque d’eau qu’il faut aller chercher dans les profondeurs insoupçonnées des puits distants de plusieurs jets de pierres de leurs domiciles.
Réveillées dès le premier chant du coq, elles ne retrouvent leurs lits de fortune que tard dans la soirée. Il faut aussi abreuver le bétail, veiller à l’éducation des enfants et trouver des solutions aux nombreuses difficultés d’ordre existentiel. Tout cela plaide en faveur de la multiplication des moulins à mil, des forages et des fourneaux à gaz dans les zones rurales. Cette politique existe bel et bien mais il faut la pérenniser tant il est vrai que les objectifs de l’émergence ne sauraient faire abstraction des besoins et aspirations essentiels du monde rural.
Gloire et honneur à nos femmes rurales qui font partie intégrante des acteurs du développement ; il suffit de visiter le Sénégal des profondeurs pour s’en convaincre et mieux comprendre que sans elles, le développement intégral ne serait qu’une triste illusion. Au Sénégal, il faut se féliciter de l’existence du ministère de la femme et de la famille et d’autres organisations nationales qui développent une politique d’émancipation de la femme plus que jamais engagée dans la bataille du développement.
Je salue en passant le foisonnement des regroupements féminins disséminés dans le territoire national pour permettre à la femme de jouer pleinement son rôle dans la société. De tout le temps, elle est porteuse d’espoir et force de production. Elle le restera jusqu’à la fin des temps.
Majib Sène