Il est originaire de Louga, la capitale historique du Ndiambour. Les habitants de cette localité ont les rudiments de la culture populaire dans le sang. Le cercle de la jeunesse de Louga en est une parfaite illustration pour avoir gagné tant de fois, les trophées mis en compétition lors des semaines nationales de la jeunesse. Des chanteuses émérites de la classe de Fatou Kasset, Fatou Talla Ndiaye et Hadiaratou Daro Mbaye pour ne citer que celles là, ont donné à la chanson populaire une ascension fulgurante.
Diogone Sylla était un célèbre cordonnier dont l’atelier se trouvait à la rue 17 chez Adja Arame Diène. Il était spécialisé dans la confection des babouches qu’adorait Almaktom et tant d’autres sénégalais dont moi-même. Son atelier était devenu un lieu de rencontres et d’échanges et tous les soirs, à la descente du travail, on se bousculait dans cet endroit devenu exigu. Diogone n’était pas un cordonnier comme les autres mais un humaniste de bon aloi. La pétillance de son esprit, sa sagacité et son sens très prononcé de la rhétorique, en avaient fait un maître à penser indiscutable capable de dénouer les théories sur l’existentialisme les plus alambiquées. C’est parce qu’il était un génie sans même peut-être le savoir qui étonnait par ses réflexions et analyses sur les problèmes de l’heure avec une méticulosité digne de Platon et autres philosophes. Il n’avait ni femme, ni enfant, ni maison mais ne s’en plaignait pas convaincu que c’est dieu qui trace le destin de chaque être. Il se contentait de peu et s’illustrait comme un humble fidèle dans la prestigieuse confrérie de Aboul Abass Ahmada Tijane RTA. Nos relations étaient profondes et sincères et souvent, il passait à la maison en coup de vent ce que je considérais comme un privilège car il n’allait pas chez n’importe qui.
Lors de son rappel à Dieu, sa famille était étonnée de voir un monde composite se bousculer à son enterrement, résultat de ses relations multiformes. Depuis ce jour, j’ai conclu que Diogone Sylla était sûrement du nombre des saints qui se dissimulent dans la masse et qu’on ne découvre qu’après leur mort. Plaise à Allah SWT qu’il vive éternel dans les splendides Jardins de Firdawsi.
Amine
Majib Sène