Depuis 1963, à l’occasion des jeux de l’amitié organisés à Dakar, notre équipe nationale remportait la médaille d’or devant la vaillante formation tunisienne. Jamais de mémoire de journaliste sportif, je n’avais été témoin d’un match d’une intensité éprouvante, joué tambour battant pendant 140 minutes. Dans toute l’histoire du football mondial, jamais une finale n’avait duré autant de temps faute de règlement précis.
Les noms de Lamine Coura, Yérim Diagne, Souleymane Diop dit Jules, Domingo Mendy, Bouba Diakhao, Cheikh Thioune, Samassa, Abdoulaye Diop « Pelé », Demba Thioye, Yatma Diouck et Elhaj Malick Sy Souris, sont les héros inoubliables de cette finale. Techniquement plus en jambes, les tunisiens en avaient fait voir de toutes les couleurs à nos lions, se permettant même de mener à la marque devant un public médusé.
Les présidents Senghor, Lamine Guèye et les représentants de l’ensemble des institutions de la république, étaient comme assis sur des œufs, tant les nerfs étaient tendus et l’enjeu revêtant une trop grande importance.
C’est ce jour là, que j’ai compris tout le sens que contient le « diom » sénégalais. Ce « diom » fait de solidarité tous azimuts et d’engagement incompressible, avaient permis à nos joueurs de se sublimer pour remporter une victoire qui, à maintes reprises, jouait malicieusement avec notre destin. C’est pendant ce moment de doute que Demba Thioye, notre virevoltant ailier droit, culotté et déterminé, s’engouffra dans la défense tunisienne, élimina le teigneux arrière central nommé Chetaly et au moment de tirer dans le but, fut basculé à terre par le gardien de but. Le penalty était évident alors qu’auparavant, l’arbitre français avait curieusement refusé un bon but marqué de la tête par Abdoulaye Diop « Pelé ». Cheikh Thioune prit sa responsabilité, et d’un tir magistral, signa légalisation. Le Sénégal remporta la médaille d’or grâce au nombre de corners, dont le dernier fut intelligemment réussi par Elhaj Malick Sy « souris ». Loin de constituer un agrégat de joueurs désunis, nous avions une équipe Solidaire dans toutes ses lignes, parlant le même langage : celui de la victoire dans les règles de l’art.
Depuis, je n’ai cessé de rêver, de toujours rêver, mais chaque fois, je finis par dire, comme dans la fable, à Dieu veau, vache et lait. Tunis 65, Asmara 68, Caire 86, après 18 ans d’absence, Alger 90, Sénégal 92 et tant d’autres dates improductives, aucun trophée pour garnir notre vitrine. Qu’est-ce qui arrive à notre football qui va d’échec en échec malgré l’illusion de 2002 qui est, quoi qu’on puisse dire, la meilleure année de notre football, même si la finale perdue quelques années plus tard devant l’Algérie nous redonnait de ll’espoir
Voici maintenant que se profile la CAN du Cameroun dans quelques mois et les démons de la division refont surface pour brouiller les cartes et tenter de nous perdre en chemin. La nouvelle équipe fédérale qui vient d’être élue a du pain sur la planche, en raison de la fêlure qui a affecté le tendon d’Achille du football, avec deux camps opposés, à savoir le Consensus et le Renouveau. Si la victoire du camp du Consensus est sans bavure, il reste que celui du Renouveau, appuyé par la majorité non votante des sportifs, semble prendre ses distances d’autant qu’aucun de ses membres ne figure dans l’exécutif. Il va falloir mettre les bouchées doubles pour recoller les débris de cette cassure indésirable dans le contexte actuel de notre football.
Majib Sène