S’il y’a dans ce pays, des femmes qui méritent des hymnes et des fleurs, madame Maïmouna Kane devrait en être la première récipiendaire. Par son vécu, tant dans la magistrature que dans l’attelage gouvernemental. Les Présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, ont découvert cette femme aux qualités exceptionnelles et en ont fait la première à porter les prestigieux habits de ministre chargée du développement social. Elle avait pour mission de promouvoir l’émancipation de la femme sénégalaise, en lui donnant un statut, une personnalité et les moyens de jouer son rôle à la manière des égéries de notre société dont nous sommes tous fiers.
Dynamique, intelligente, travailleuse et l’esprit toujours en éveil, elle faisait partout où le devoir l’appelait, étalage de sa compétence tant de fois éprouvée. Née et éduquée dans une famille profondément croyante, elle ne pouvait manquer d’être une citoyenne accomplie et consciente du rôle que chacun doit jouer dans sa société d’appartenance. D’abord avoir une bonne éducation, une formation complète à tous les niveaux, un comportement qui ne soit pas en porte à faux avec les valeurs d’honneur et de dignité qui font partie intégrante des bases fondatrices de notre civilisation. Maïmouna en était tellement convaincue qu’elle donnait l’exemple d’une femme vertueuse au service de son peuple, de l’islam sa religion, de sa famille et de tous ceux que les circonstances mettaient sur sa route. Elle avait le don de servir dans la discrétion, dans l’efficacité avec toujours ce séduisant sourire au coin des lèvres qui était une porte d’entrée dans son cœur plein de bonté. Rien de répréhensible n’a entaché sa vie qu’elle a voulu sobre, loin des mondanités, des scandales et des actions vaniteuses. Elle était tellement intelligente qu’elle comprenait facilement tout, même si vous lui parlez à demi mots. Le Président Abdou Diouf l’avait choisie à la tête de sa fondation Sport Vertu en remplacement de feu Serigne Lamine Diop. Elle s’acquitta de cette tâche avec brio, en renforçant l’audience et la crédibilité de la fondation connue et reconnue dans le monde entier.
Maïmouna était d’un commerce facile mais rigoureuse dans les principes de fidélité, de loyauté, de vérité et de permanence dans ces valeurs qu’elle portait en bandoulière. Elle avait le sens de la mesure, de la générosité de cœur et d’esprit à l’image des grandes dames qui font la fierté de leur terroir. C’est à la fondation Abdou Diouf Sport Vertu que j’ai mieux connu cette dame aux élans féconds, perfectionniste à souhait et imbattable dans l’action. Rendre service dans le désintéressement et la discrétion, délivrer la parole qui soulage et aller à la rencontre de l’autre avec franchise, telles étaient quelques unes de ses grandes qualités.
Son rappel à Dieu en mars 2019, avait plongé tout le Sénégal dans l’émoi et la consternation tant le peuple était attaché à elle grâce à la posture qu’elle avait dans la société. Ni haineuse, ni isolationniste, elle était d’une nature adorable, enrobée dans la dignité et le sens de l’honneur. Elle avait tout essayé dans sa vie pour être utile à son pays. En relisant son itinéraire de vie, on constate, par la grâce de Dieu, qu’elle n’a jamais connu d’échec.
Nous sommes de ceux qui prient quotidiennement pour que ta demeure soit toujours inondée de lumière ; pour la bonne et simple raison que dans tout ton être, il n’y a pas un espace d’empan où puissent loger la haine et l’hypocrisie. Dieu a fait que tu es vérité, l’une de tes plus belles qualités. Puissions nous marcher sur tes traces jusqu’à la fin des temps.
Tu es partie sans être partie car, comme une écriture en incuse d’Oracle, tu es restée vivante dans nos coeurs et dans nos esprits. Je me souviendrai toujours de cette fin de matinée brumeuse d’un mois de mars endeuillé, où une foule immense, dans un épanchement pleural insoutenable, t’a accompagnée à ta dernière demeure. Jamais cette image saisissante, angoissante ne me quittera. Dieu, maître du visible et de l’invisible, sait que c’est aussi le cas chez beaucoup d’autres. Repose en paix dans les splendides jardins d’Allah (swt), par la Grâce de Taha l’Intercesseur (psl).
Amine
Majib Sène