Si le continent a connu des avancées significatives dans tous les domaines de son développement, il le doit en partie à la presse si tant est que sa contribution s’illustre davantage dans la conscientisation des masses. Si nous parlons de presse, nous faisons référence à des journalistes talentueux qu’on qualifie de précurseurs. Donnand Fologo en Côte d’Ivoire, Bara Diouf au Sénégal et Diomansi Bombote au Mali pour ne citer que ceux là, sont des éminents journalistes qui ont fait la fierté de leurs compatriotes.
Dans cette belle brochette, nous nous arrêtons sur notre frère le Malien Diomansi Bombote avec qui nous avons cheminé voilà maintenant plusieurs décennies. Il a toujours impressionné par son intelligence attirante, par la fécondité de ses réflexions et par le dynamisme de sa mémoire sur les faits et chiffres du passé. Avec un cursus scolaire et universitaire des plus brillants, il a choisi le métier de journaliste alors qu’il pouvait devenir un brillant scientifique ; mais il n’est pas loin de ce domaine réservé tant il est vrai que la presse peut se vanter d’être la fille de la science de l’information et de la communication au sens générique du terme.
Diplômé de l’École de Journalisme de Strasbourg, il est rentré dans son pays alors que des opportunités plus alléchantes se présentaient devant lui dans le royaume de Mariane.
Rédacteur au quotidien l’Essor puis Rédacteur en chef à radio Mali, ses immenses talents, sa vaste culture et ses atouts de pédagogue chevronné, ont favorisé son détachement au CESTI à Dakar où l’on enseigne et forme des journalistes. Il brilla de mille feux dans ses nouvelles fonctions d’enseignant ayant formé beaucoup de jeunes journalistes très connus dans l’espace médiatique sénégalais. Féru de football comme tous bons maliens, j’eus le privilège de partager avec lui la tribune de presse du stade Demba Diop, construit en 1963 à l’occasion des Jeux de l’Amitié. C’est à partir de ce moment dans les années 1970, que nous avons noué une amitié qui résiste encore à l’érosion du temps.
Des journalistes talentueux, il en a formé partout dans le continent africain sans flagornerie aucune. Chemin faisant, il se retrouva à l’UNESCO à Paris où il eut le bonheur de mettre son expérience, sa culture et son savoir-faire à la disposition de cette institution d’exception. À l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations en 1986 qui eut lieu au Caire en Égypte, il fut partie de ceux qui ont généreusement mis la main à la poche pour aider le Sénégal dans sa préparation.
Ce geste des grands seigneurs est le fait de son accoutumance avec les sénégalais toutes conditions confondues au point de faire de lui le malien le plus sénégalais d’entre tous. Sa jovialité, son humanisme de bon aloi et sa tendance à ne voir chez l’autre que ce qui anoblit, en font finalement un être d’exception. Sa vaste culture me rappelle celle très enviée de son compatriote Fily Dabo Sissokho mort fusillé pour des raisons politiques dans les geôles de Kidal.
Très cher ami Bombote ne m’en veut pas si j’ai écorché ta modestie sachant par avance que c’est dans la rosée des choses modestes que le cœur trouve son matin et sa fraîcheur.
Majib Sène