Dakarmidi – Le Sénégal depuis toujours, a produit des footballeurs d’exception qui ont fait de ce sport un culte, voire une véritable religion. Ces précurseurs étaient tellement doués qu’ils donnaient l’impression d’être les inventeurs de ce jeu merveilleux, passionnant qui a fini de conquérir le monde entier. Pour la circonstance, je ne citerai que Baba Tourè, ce footballeur le plus doué de sa génération. Il savait tellement jouer au football, que d’aucuns le voyaient comme la synthèse de Pelé et le prodige Maradona. Son pied gauche n’avait de pareil parmi tous les joueurs de son époque.
Plus qu’un technicien hors pair, il était un génie, un prestidigitateur capable de dompter le ballon, de le soumettre à ses exigences techniques. Sociétaire de la Jeanne d’Arc de Dakar, Il étalait sa technique individuelle au cours des derbys et tout seul, il donnait la victoire à son équipe grâce à ses nombreuses actions d’éclats dont il possédait les secrets. Dribbleur de très grande classe, il savait surclasser son vis à vis avec des feintes millimétrées, des passements de jambes étourdissants qui soulevaient l’enthousiasme des spectateurs.
Je me souviens de notre déplacement à kenitra au Maroc où la Jeanne d’Arc rencontrait l’équipe de cette ville en coupe des coupes. La veille du match, il fallait surveiller de très près Baba Tourè pour l’empêcher de découcher. Le fait d’avoir bien dormi, il se réveillait après tout le monde et derrière l’hôtel, il fit quelques mouvements pour mettre d’aplomb ses muscles. Sur le chemin du stade, il me fit cette confidence selon laquelle la « JA » sortira vainqueure du match et la victoire passera par lui. Ce jour là, j’ai découvert un Baba Tourè étincelant de brio et de combativité devant un public qui finit par n’avoir dyeux que pour lui. Il déroula avec une facilité déconcertante toute sa science du football et dans les ultimes instants du match, il inscrivit le but de la victoire sur corner. Les Marocains séduits par les immenses qualités de ce footballeur exceptionnel, voulaient à tout prix le garder.
Mais à vrai dire, c’est le football qui aimait baba toure et non le contraire sans doute inconscient des immenses possibilités qu’il avait pour être parmi les meilleurs sinon le meilleur de sa génération. S’il était européen, il remporterait sans aucun doute le ballon d’or car il avait toutes les qualités techniques pour arriver au sommet de la gloire. En parlant de lui, nous n’avons que des regrets devant cet énorme gâchis qu’il était. Peut-être que son destin en avait décidé ainsi et le 23 juillet 2016, il quittait ce monde mais aussi le football à l’âge de 54 ans. Simple, généreux, toujours gai jamais fâché , il menait une vie à plusieurs visages sans se lamenter et sans jamais courber l’échine. Il a vécu à sa façon tout comme il est parti emportant dans sa tombe bien des secrets jamais dévoilés à personne.
Majib Sène