La décision administrative annulant plusieurs combats de lutte à Dakar, à fait jaser promoteurs et amateurs pour des raisons diverses. La recrudescence de la Covid-19 qui fait des ravages dans tout le pays à l’heure actuelle et le manque avéré, ou supposé de service d’ordre, sont à la base de cette décision. La libre circulation des personnes et des biens, de même que la sécurité intégrale de la population sont du ressort exclusif des autorités étatiques. Cette autorité doit s’exercer sans hésitation et en temps réel, chaque fois que la situation l’exige. Toute personne avertie ne peut s’insurger contre une telle décision en temps de crise, si tant est que l’intérêt national est prédominant chez chaque citoyen.
Il faut cependant regretter la brusquerie de la décision, sans annonce ni préavis et qui, en définitive, a causé dans le milieu, une profonde déception, voire une énorme désolation. Depuis plusieurs jours, voire semaines, l’autorité aurait dû mettre en garde les promoteurs sur une possible annulation des affiches programmées si la pandémie allait crescendo. Mais attendre que tous les préparatifs soient terminés et bouclés pour prendre une telle décision, c’est, à n’en pas douter, faire preuve d’improvisation impardonnable à ce niveau. Les dommages qui peuvent résulter d’une telle situation sont incalculables, tant pour les promoteurs que pour les lutteurs. Toutefois, nous pensons qu’une solution de rattrapage peut être envisagée par la magie du huis clos en vigueur aux Jeux Olympiques qui se déroulent actuellement au Japon. Comme on le sait, les Jeux Olympiques sont les plus grands et les plus illustres jeux sportifs du monde, d’où l’importance et la considération qu’on leur accorde. C’est la raison pour laquelle, malgré la forte avancée de la Covid-19 dans ce pays, les jeux se déroulent avec des mesures draconiennes de sécurité sanitaire.
Ici au Sénégal, sans désapprouver les mesures d’interdiction pour des causes bien justifiées, on devrait instituer le huis clos et dans le même temps, régler les problèmes de sécurité. Tout le monde sait que les combats « Balla Gaye 2 contre Bombardier » et « Papa Sow contre Siteu » sont accoucheurs de très grandes tensions qui appellent des mesures sécuritaires exceptionnelles.
En dehors de la déception des amateurs, il faut souligner celle des promoteurs qui ont investi des sommes d’argent colossales et qui risquent de se retrouver sur les carreaux, sans espoir de récupérer leur investissement. Il en est de même pour les lutteurs dont les préparations mystiques vont fondre comme beurre au soleil. On peut encore trouver des palliatifs heureux susceptibles de conjurer les craintes suscitées par la pandémie et par l’insécurité. Espérons que les autorités administratives feront preuve de plus grande compréhension pour autoriser la tenue de ces combats qui polarisent l’attention de tous les sénégalais.
Certains promoteurs sans doute excédés, ont tenu des propos aux antipodes de la sérénité, parce que n’ayant en vue que leurs intérêts futurs et immédiats. Il est vrai que dans le feu de l’action, on perd très souvent tout raisonnement cartésien ; nous comprenons leur désarroi engendré par cette décision qui, en réalité, n’a surpris que ceux qui se résignent dans la contemplation. Nous appelons les autorités à faire preuve de plus de compréhension en dialoguant avec les acteurs de la lutte pour sauver la situation qui est partie pour faire de nombreuses victimes.
Majib Sène
PS : Cette chronique a été écrite bien avant la rencontre entre autorités administratives et promoteurs de lutte. Entre report et huis clos, les promoteurs ont choisi le report. C’est ce qui ressort de cette rencontre, si l’on en juge par les propos du leader Gaston Production.