Le rapport explosif de la Cour des comptes a mis en lumière des pratiques opaques, suscitant indignation et interrogations. Au cœur du scandale, les Certificats Nominatifs d’Obligation (CNO), émis sans couverture bancaire, ont permis à la société israélienne ADCON LTD, dirigée par la sulfureuse famille Peretz, de capter 121 milliards de francs CFA de nos maigres ressources. Cette affaire révèle une infiltration troublante de nos institutions par des intérêts étrangers.
Gaby Peretz, ex-lieutenant-colonel de l’armée de l’air israélienne et courtier en armement, ainsi que son fils Idan Peretz, ont su exploiter les failles du système sénégalais, profitant de l’aveuglement et du manque de patriotisme de certains cercles du pouvoir. L’intégralité des fonds leur a été versée avant le départ du président Macky Sall, soulevant une question cruciale : comment un groupe aussi controversé a-t-il pu s’immiscer au cœur de la République, et plus particulièrement au sein de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS), jusqu’à influencer certaines décisions stratégiques ?
En 2020, mon entreprise, 100 % sénégalaise, a été contrainte d’accepter un partenariat imposé avec ADCON pour un projet de construction. Un contrat signé en octobre 2020, censé garantir un paiement fluide, s’est rapidement transformé en piège. L’avance de démarrage, promise immédiatement, n’a été versée qu’un an plus tard, en septembre 2021, dans une stratégie délibérée visant à fragiliser mon entreprise, sous le regard indifférent du maître d’ouvrage.
Une confrontation avec Idan Peretz sur ces retards a marqué un tournant. Son inaccessibilité, son mépris et sa volonté de m’assujettir à son réseau d’entrepreneurs sous contrôle ont scellé mon sort. Mon refus a été perçu comme un acte d’insubordination inacceptable.
L’influence d’Idan Peretz s’étendait jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Lors de la Journée des Armées en 2021, le président Macky Sall l’a publiquement adoubé en le plaçant à ses côtés lors du cocktail officiel, un geste symbolique renforçant son emprise. Son réseau tentaculaire comptait de jeunes Sénégalais corrompus, une secrétaire formée au renseignement et une armée de hautes autorités, anciens ministres et avocats influents sous ses ordres et prêts à tout.
Face à cette machine bien huilée, mon projet a été méthodiquement saboté et mon entreprise stigmatisée. Au lieu de jouer son rôle d’arbitre, le maître d’ouvrage s’est retranché derrière le prétexte d’un contrat privé. Une réunion marquante dans les bureaux, banalisés mais ultra-sécurisés, d’Idan Peretz sur l’avenue de la République a illustré son autorité absolue : une haute autorité s’y est déplacée en personne pour lui renouveler son pouvoir total de décision sur ces projets, en insistant pour que je le sache.
En 2023, mon contrat a été résilié arbitrairement. Mon matériel a été abandonné sur les sites, mes recours sont restés lettre morte, et ce marché aurait finalement été confié à un proche d’Idan Peretz, son ancien bras droit et responsable d’ADCON au Sénégal, désormais un acteur majeur dans mon secteur. Ce jeune collaborateur de la famille Peretz, sans scrupules, a su tirer parti de mon éviction, orchestrée par Idan Peretz, pour prendre ma place, avec un soutien évident.
Idan Peretz, devenu au fil du temps un entrepreneur clé au Sénégal, contrôle des milliards et attribue les marchés à sa guise. Tous ses projets sont exonérés d’impôts, une anomalie dénoncée par le passé à l’Assemblée nationale par l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko. Plus grave encore, il s’est accaparé le siège du Haut Commandement de la Gendarmerie et le mythique dojo national Amaro Dabo, en contrepartie de la construction d’un banal immeuble R+4 à la caserne Samba Diéry Diallo, déplaçant ainsi notre Haut Commandement à Colobane, un quartier populaire à l’accessibilité réduite.
Le plus inquiétant est que le Haut Commandement de la Gendarmerie, un acteur stratégique en cas de crise, doit rester proche du président, donc aux alentours du palais. Cette légèreté inacceptable doit être corrigée rapidement. Le Haut Commandement doit être reconstruit, tout comme le dojo, véritable temple du judo sénégalais.
L’État, dans sa volonté affichée d’un Sénégal souverain, doit impérativement ouvrir une enquête sur les agissements de la famille Peretz, identifier ses relais locaux et les éloigner des leviers stratégiques. Nos FDS doivent rester républicaines et refuser toute infiltration par des intérêts étrangers, d’autant plus que le Mossad ne doit pas être loin de la famille Peretz.
Il est urgent de protéger nos entreprises locales et de défendre notre souveraineté contre ceux qui exploitent nos ressources et sabotent notre développement. C’est aussi une mission régalienne de nos FDS. L’affaire ADCON n’est pas qu’un scandale financier : c’est une menace directe pour l’indépendance nationale.
Abdoulaye DIENG
Entrepreneur