Abdourahman Diouf, est un personnage public, si ses qualités humaines et professionnelles ne souffrent d’aucune contestation, il en va autrement de ses choix politiques.
Ceux qui s’expriment suite à son communiqué de départ, amis inconditionnels, partisans déçus, adversaires heureux sont dans leur rôle. On ne peut pas solliciter les suffrages du peuple et décider de partir sans explications, il l’a fait, sauf qu’il ne maîtrise plus ce qu’en entendront toutes ces personnes qui le suivaient. Les gens ont le droit de ne pas être convaincus, la valeur et la pertinence des arguments qu’il a exposés doivent être laissée à l’appréciation du public à qui il rend compte.
Quand on est un personnage public, on ne s’appartient pas, on ne peut faire l’unanimité quelque soit son talent et sa bonne volonté. Les gens ont le droit de ne pas être ses leaders, de douter, de supputer, c’est normal, c’est la vitalité du débat démocratique qui le veut et je suis sûr qu’il le comprend.
Que, voulez-vous, que tous les sénégalais lui signent un quitus sans lui demander des comptes? Lui même ne le voudrait pas, c’est ainsi qu’il faut comprendre son communiqué: « mes chers amis je m’en vais, je m’explique ».
Les gens qui s’expriment positivement ou négativement sur ce choix, sont ceux qu’il n’a pas laissé indifférent, ce sont ceux avec qui Diouf avait créé un lien politique, social et intellectuel par son initiative, qui plus est dans le cadre public, comment leur reprocher cela?
Faisons attention à ne pas donner aux hommes publics le sentiment qu’ils n’ont pas de compte à rendre.
On ne reproche pas à Diouf le choix de couleur de son veston ou la cylindrée de sa berline, les gens sont entrain de lui dire « Ouais, pourquoi après que tu nous aies convaincu de te suivre, de partager des idéaux, une orientation, un combat, tu décides de partir, là,maintenant? »
Personnellement, je vois dans les critiques contre Diouf plus des actes de considérations et d’amour d’un public qui l’avait adopté qui le voit, lui officier du pont, sauter par dessus bâbord du navire échoué dans un haut-fond.
Le moment semble mal choisi et l’intensité de la rupture aussi malgré l’enrobage mielleux. Le capitaine en second, ne quitte pas le pont seulement, laissant la barre aux mousses et aspirants au milieu de la tempête, il quitte le navire que beaucoup perçoivent à travers la brume politique de Ndoumbélane comme le radeau de la méduse.
« Gal ga ngi reubi, euleuk souba tel dina dem… »
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