Du rapport de la Cour des comptes
Par Daour GUEYE
Économiste Financier
« Le rapport de la cour des comptes présente plusieurs contradictions et incohérences qui remettent en question sa cohérence interne et sa fiabilité. Voici quelques points où il semble se contredire ou manquer de clarté :
1. Incohérences sur la dette publique
• Le rapport affirme que l’encours de la dette publique est supérieur aux chiffres officiels, mais il ne donne pas un montant précis ni une évaluation définitive du véritable niveau d’endettement.
• Il souligne des discordances entre les chiffres de la Direction de la Dette Publique (DDP) et ceux du Tableau des Opérations Financières de l’État (TOFE), mais ne tranche pas sur quelle source est la plus fiable.
• Il critique l’absence de traçabilité de certaines dettes bancaires, tout en admettant que ces engagements existent sans les quantifier clairement.
2. Contradictions sur les recettes fiscales
• Le rapport relève que les recettes budgétaires sont en hausse constante sur la période 2019-2023, sauf en 2020 en raison de la pandémie. Pourtant, il affirme aussi que le stock des créances fiscales impayées a augmenté de 32 %.
• Il signale que les dépenses fiscales (exonérations) ne sont pas bien suivies, mais inclut des chiffres qui montrent une évaluation annuelle, suggérant donc qu’un suivi existe.
3. Problèmes de méthodologie
• Il critique les rattachements irréguliers de recettes pour minorer artificiellement le déficit budgétaire, mais ne remet pas en question d’autres pratiques comptables similaires qui pourraient exagérer certaines dépenses.
• Le rapport affirme que la gestion des comptes spéciaux du Trésor (CST) est opaque, mais valide en même temps les chiffres de ces comptes sans expliquer comment ils ont été vérifiés.
4. Ambiguïtés sur la gestion budgétaire
• Le rapport accuse le gouvernement d’avoir contracté une dette bancaire hors circuit budgétaire, mais il n’explique pas comment cette dette a pu être omise des documents officiels sur plusieurs années.
• Il critique les transferts importants vers les services non personnalisés de l’État (SNPE), mais ne précise pas si ces fonds ont été effectivement détournés ou simplement mal comptabilisés.
5. Contexte politique et timing suspect
• Le rapport est publié juste après l’arrivée du nouveau gouvernement et confirme presque mot pour mot les déclarations du Premier ministre sur la falsification des comptes et le niveau d’endettement, ce qui peut soulever des soupçons sur son indépendance.
• Il est basé sur des documents officiels du précédent gouvernement, tout en remettant en cause leur fiabilité, ce qui pose la question de la sélectivité des critiques.
Conclusion
Le rapport ne semble pas totalement cohérent dans son approche : il dénonce des irrégularités graves, mais sans toujours fournir de preuves précises ou alternatives fiables. Il confirme certaines accusations politiques tout en s’appuyant sur des données qu’il remet lui-même en question. Ces contradictions nourrissent le doute sur son objectivité et sa rigueur méthodologique. »
Daour GUEYE
Économiste Financier
SN de la Commission Contrôle des Finances du PUR