Comparé à la manifestation du 19 avril, le sit-in d’hier offre de nouveaux éléments de lecture de la conjoncture politique.
D’abord concernant les « mackoutes », cette milice marron présentée à tort comme des policiers en civil alors qu’il s’agit plutôt de mercenaires recrutés pour casser du manifestant. Des émules de ces auxiliaires de la dictature haïtienne de Duvalier, tristement connus sous le nom de « tontons macoutes ».
Les scènes atroces des vidéos montrant ces gros bras s’acharner sur des jeunes sans défense n’ont pas pu être rejouées hier. Les condamnations vigoureuses et unanimes des démocrates sénégalais et d’organisations comme Amnesty International ont pesé de tout leur poids. Quand Mackyavel ne peut plus utiliser la violence sans retenue pour décourager les citoyens qui lui résistent, c’est le socle de son projet dictatorial qui vacille.
L’échec concerne aussi l’autre escadron des « mackoutes » que constituent certains communicateurs tradimodernes qui ont fait du métier de journaliste une caricature. Même El Hadj Kassé n’a pas osé tweeter ses éloges habituels de la brutalité anti-opposants. Il a préféré parler d’autre chose. Peut-être a-t-il compris que les images de bestialité humilient son patron et non ses victimes.
Quant à ce chroniqueur marron, pilier de longue date des milieux interlopes dakarois, il se fait discret depuis qu’il a réclamé la révocation de l’autorité parentale du député-maire Khalifa Sall, après son poste de premier magistrat de la capitale.
La violence des milices et la virulence de certains « journalistes » griotisés cèdent ainsi du terrain devant la patience et l’endurance des patriotes.
Violence et virulence ont pour fonction de persuader les citoyens de l’inutilité de la résistance et de l’inéluctabilité d’une » victoire technique » de Macky Sall au premier tour. Une » victoire technique » à imposer, au soir du 24 février 2019, par l’emprisonnement des candidats de l’opposition et la proclamation de l’état d’urgence. Un remake de 1988 qui pourrait, selon la fameuse prédiction de Karl Marx, se rejouer en comédie le moment venu.
Déjà, plus personne n’ignore que les millions de prétendus » parrains » de Macky Sall ne seront que virtuels car recopiés à partir d’un fichier gardé jalousement au secret.
La principale leçon à tirer de cette succession d’échecs est que la victoire des démocrates est possible, et même plus que probable. La troisième alternance est là. Il reste à la matérialiser au moindre coût humain, en alliant lucidité et fermeté.
Mamadou Bamba Ndiaye: Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal
La rédaction