COUPE DU MONDE – La rencontre entre le Japon et le Sénégal dimanche (17h), décisive pour la qualification dans le groupe H, oppose deux équipes radicalement différentes du point de vue de l’expérience. Le vécu japonais contraste ainsi fortement avec la jeunesse sénégalaise.
Faut-il privilégier la fougue de la jeunesse, ou bien la sagesse née de l’expérience ? Dans le football, le débat n’est toujours pas tranché. Y compris au Mondial 2018, et en particulier dans le groupe H. Chaque idéal y a connu le succès durant les premiers matches. D’un côté, le Japon, parmi les équipes les plus expérimentées, a défait la Colombie (1-0). De l’autre, le Sénégal, dont la moyenne d’âge est parmi les plus basses du tournoi, a triomphé de la Pologne (2-1). Dimanche, les deux équipes s’affrontent à la Iekaterinbourg Arena (17h) dans un match décisif pour la qualification. Pour régler le débat ?
La moyenne d’âge des 23 Japonais et Sénégalais sélectionnés pour la Coupe du monde est de fait radicalement différente. Celle des Samouraïs Bleus s’élève à 28,3 ans, soit la sixième équipe la plus vieille du tournoi (le Costa Rica domine le classement, avec 29,1 ans). Les Lions de la Teranga ont, eux, en moyenne, 26,7 ans et se situent dans la partie basse des 32 équipes qualifiées, pas très loin de l’Angleterre et de la France (25,6 ans) ainsi que du Nigéria, plus jeune équipe du Mondial 2018 avec 25,5 ans de moyenne d’âge.
Trois centenaires au Japon, aucun au Sénégal
La différence est encore plus flagrante lorsqu’on observe l’âge moyen des onze titulaires de chaque équipe lors du premier match : il était de 29,2 ans pour le Japon contre la Colombie, et de 26 ans pile pour le Sénégal contre la Pologne. Le plus jeune joueur japonais sur le terrain, le défenseur Gen Shoji, avait 25 ans, quand le latéral de 19 ans Moussa Wagué a débuté la première rencontre des Africains. Aussi le Japon a-t-il placé ses plus vieux joueurs sur le terrain, quand le Sénégal a privilégié la nouvelle génération.
Maya Yoshida (Japon) et Radamel Falcao (Colombie)Getty Images
Si être jeune ne signifie pas nécessairement être inexpérimenté, la différence est également nette au niveau du nombre de sélections. Dans le groupe composé par Akira Nishino, trois joueurs dépassent les 100 matches en équipe nationale : le capitaine Makoto Hasebe (111), le latéral Yuto Nagatomo (106), et l’attaquant Shinji Okazaki (114). D’autres s’en rapprochent, comme Keisuke Honda (96), Shinji Kagawa (93), Maya Yoshida (83) ou Eiji Kawashima (85). Côté sénégalais, Idrissa Gueye, joueur le plus capé du groupe, culmine à… 58 sélections. Suivent Sadio Mané et Kara (51 chacun), dans un groupe qui compte en moyenne 24 sélections. Le même nombre que l’équipe de France, par exemple.
Priorité à l’expérience, ou manque de renouvellement ?
Les explications au phénomène sont multiples. D’une part, le Japon a l’argument de l’expérience : 11 des 23 sélectionnés pour le Mondial russe étaient déjà présents au Brésil en 2014. Cinq d’entre eux disputent même leur troisième Coupe du monde, après avoir déjà joué en Afrique du Sud : Kawashima, Nagatomo, Honda, Hasebe, et Okazaki. Les Sénégalais n’ont pas eu cette chance, puisque leur dernière (et unique) phase finale remonte à 2002.
Il est tout à fait possible, pour autant, de voir les chiffres sous un autre prisme. Si le Sénégal assiste à l’explosion d’une nouvelle génération, symbolisée par Moussa Wagué (19 ans) ou Ismaïla Sarr (20 ans), tous deux titulaires face à la Pologne, le Japon peine à créer le même renouvellement. Le défenseur Naomichi Ueda et le gardien Kosuke Nakamura, plus jeunes joueurs du groupe nippon (23 ans), paraissent cantonnés à un statut de remplaçant, quand Kawashima (35 ans) ou Nagatomo (31 ans) n’ont que peu de concurrence. Bonne ou mauvaise chose ? Le match contre le Sénégal, qui pourrait déjà être décisif pour la qualification en huitièmes de finale, risque d’en dire beaucoup.
Yérimpost