Le phénomène de l’émigration clandestine a encore refait surface dans la région sud du pays et plus exactement dans la commune de Kafountine, à Abéné. Des jeunes ont repris le chemin de l’exil par la voie maritime. A Abéné, village touristique situé dans la commune de Kafountine, prés d’une vingtaine de jeunes, plus que jamais décidés à rejoindre «Barca» ou «Barsax» ont casqué chacun plus de deux millions de FCFA pour aller dans le pays de Zapatero ou en Italie. Dans cette partie sud du pays, la surveillance des côtes frontalières et maritimes imputée aux forces de l’ordre n’est plus rigoureuse. Le phénomène a ainsi pris de l’ampleur plongeant du coup les populations dans une inquiétude grandissante. Certains convoyeurs, selon des sources dignes de foi, ont même choisi les pays comme la Guinée Bissau et la Gambie pour trouver des clients potentiels. Mais il demeure néanmoins et toujours que la Casamance et ses îles comme Djogué, Elinkine et la station balnéaire de Cap skirring restent principalement les points de chute et de départ de ces clandestins à la recherche de l’eldorado.
Si la Casamance pensait avoir définitivement clos cet épisode d’aventure risquée via la voie maritime, mais non, l’immigration clandestine a encore refait surface. En effet, prés d’une vingtaine de jeunes, dans le village d’Abéné, situé dans la commune de Kafountine, dans le département de Bignona, ont depuis deux mois choisi la mer pour rallier l’Espagne ou l’Italie. Ces jeunes qui ne sont plus traqués sur leur voie, bénéficient de la complicité de convoyeurs dans leur voyage périlleux. «Affirmatif.
L’immigration clandestine a refait surface dans notre contré. Les jeunes de Kafountine et plus précisément ceux d’Abéné ont, depuis quelques temps, commencé à braver la mer pour rejoindre l’Espagne, l’Italie et d’autres pays pour une vie meilleure», explique Lamine Diabang porte-parole des populations du village d’Abéné. «Au mois de juillet dernier, des départs ont été enregistrés dans le village d’Abéné et parfois même dans les villages environnants. Nous sommes en train de retourner en arrière en vérité. Et si l’immigration clandestine a refait surface encore dans nos localités, c’est parce que l’usine chinoise a été bloquée. Ces jeunes comptaient beaucoup sur cette usine pour trouver du travail. Les Chinois se sont beaucoup investis dans nos villages, c’est pourquoi l’Etat doit les délivrer ce quitus environnemental afin que l’usine puisse démarrer ces activités. C’est de cette manière seulement que les jeunes pourront être fixés dans leurs terroirs, dans leurs villages. Je dois cependant, vous avouer que depuis 2016, ces jeunes qui attendaient l’ouverture de cette usine de poisson des Chinois, étaient fixés sur leurs terres. Aujourd’hui qu’ils commencent à, perdre espoir, il est clair qu’ils ont commencé à reprendre les pirogues pour aller gagner leur vie en Europe», a ajouté Lamine Diabang.
A la question de savoir, combien de jeunes à Abéné ont repris le chemin de l’exil, «ils sont prés d’une vingtaine à braver la mer pour aller en Italie ou en Espagne. Leurs départs ont été notés au mois de juin dernier et chacun d’entre eux aurait remis aux convoyeurs prés de deux millions de FCFA. Et pour arrêter l’hémorragie, nous pensons que l’Etat doit encourager les investisseurs dans nos villages. Des investisseurs qui doivent être accompagnés, encadrés et qui doivent bénéficier d’une sécurité afin que leurs investissements puissent être garantis», a soutenu notre interlocuteur (Lamine Diabang). S’il y a juste un mois, plus d’une dizaine de jeunes avaient été aperçus nuitamment au niveau des côtes de Kafountine alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer à bord de leurs pirogues pour les côtes espagnoles, «ce sont tous des jeunes désespérés. Mon garçon faisait partie de la bande. Je ne pouvais pas le dissuader. Tout ce qu’il m’a dit c’est que, «Papa, nous n’avons plus d’espoir à Abéné. L’Etat a préféré l’usine de poisson des Chinois et notre seul refuge, c’est d’aller en Espagne pour trouver du travail et vous aider», explique à son tour, le cœur meurtri le père, Mamadou Diabang.
Pour son ami qui a requis l’anonymat, «le phénomène de l’immigration clandestine est en train de prendre des allures inquiétantes dans nos villages qui sont frontalière à la Gambie. D’ailleurs, cette proximité géographique pousse de nombreux jeunes à chercher une autre trouvaille pour se frayer un autre passage. Certains jeunes, plus patients, ont fini par jeter leur dévolu sur la voie terrestre. Et, leur modus operandi est on ne peut plus clair. Ils rallient la Gambie pour ensuite embarquer dans les bus pour rejoindre le Mali. Sur place, ils démarrent leur périple pour atteindre la Libye avant les côtes espagnoles ou italiennes», renseigne notre interlocuteur. Elégant et jovial, ce jeune étudiant, originaire de Kafountine s’explique sur le phénomène. «Ces jeunes sont désespérés. Ils ont tous perdu leurs repères et ils n’ont plus d’espoir. Nos autorités politiques et administratives ont tous failli dans leur mission à l’endroit de cette jeunesse. Nous avions tous cru, nous jeunes de Kafountine et d’ Abéné qu’avec l’ouverture de cette usine de poissons des Chinois que nous allions trouver du travail mais hélas, l’Etat a anéanti nos espoirs. Nous tous déçus et attristés. La seule alternative qui nous reste dés lors, c’est de braver la mer même si nous devons tous mourir, pour aller en Espagne ou en Italie pour trouver du travail et aider nos parents, nos frères et sœur, nos familles», a dit Adama Diatta.
Dans la zone d’ Abéné, le phénomène de l’immigration clandestine ne cesse d’alimenter les discussions dans les places publiques, dans les familles, mais personne ne le dénonce. «Nous n’allons jamais dénoncer nos enfants. Ils ont été victimes d’une injustice de la part de l’Etat à savoir une mauvaise politique de jeunesse. Que nos gouvernants assument dés lors les conséquences de ce phénomène dramatique», se désole la dame Maimouna Diédhiou. D’ailleurs, à en croire nos gorges profondes, à Kafountine et à Abéné, des pirogues seraient en ce moment au large des côtes de Kafountine dans l’attente de candidats à l’immigration clandestine.
La Rédaction