Dakarmidi – Ce dimanche 10 mars, le directeur de cabinet de Moustapha Niasse, par ailleurs chargé des élections au sein de l’Alliance des forces de progrès (AFP), a fait une déclaration malheureuse, symptomatique de l’état de déliquescence dans lequel se trouve l’alliance politique victorieuse de la présidentielle du 24 février 2019.
Alors que Macky Sall, le candidat élu porté par Benno Bokk Yaakaar (BBY), n’a pas encore prêté serment, Bouna Mohamed Seck a lâché: « L’AFP, créée pour conquérir le pouvoir, aura un candidat issu de ses rangs en 2024. » Pareille tirade, qui rompt d’avec toute logique d’alliance, sonne comme le constat d’une vérité implacable. Créée entre les deux tours de la présidentielle de 2012, Benno Bokk Yaakaar, qui se vantait d’être l’alliance à la plus longue longévité de l’histoire politique du Sénégal, a bouclé son cycle de vie.
A la faveur du second mandat de Macky Sall, qui ne peut pas en briguer un troisième, ses alliés ne se donnent même pas la peine de le laisser démarrer son mandat pour étaler leur ambition de lui succéder. Cette attitude est un aveu terrible. Elle met en évidence l’essence purement électoraliste, politicienne, de BBY. Si celle-ci procédait d’une vision partagée du Sénégal, d’un accord sur un programme commun de gouvernance du pays, elle serait aujourd’hui plus préoccupée à accompagner Macky Sall pour réaliser ses promesses qu’à se laisser aller à des tactiques politiciennes.
L’AFP n’est d’ailleurs pas seule dans cette dynamique tacticienne. L’autre allié, le Parti socialiste (PS), n’a, quant à lui, pas attendu la proclamation officielle des résultats de la présidentielle par le Conseil constitutionnel pour réclamer publiquement plus de postes ministériels dans le futur gouvernement de Macky Sall. L’heure est à l’émergence des egos et aux manoeuvres pour se tailler de bonnes portions au cours du « partage du gâteau »!
Le très politique Macky Sall comprend mieux que quiconque que Benno Bokk Yaakaar a perdu toute âme rassembleuse pour se muer en un épouvantail au service de calculs particuliers. Le pronostic vital de cette alliance qui ne l’est plus que de nom est engagé. Si ses membres vont tenter de la maintenir artificiellement en vie pour les subsides du pouvoir, elle peut atteindre la fin avant le terme du quinquennat…
En tout état de cause, BBY ne sera plus jamais une machine à gagner les élections au Sénégal. Depuis la réélection de Macky Sall, ses jours sont comptés. La sortie fort prématurée de l’AFP indique que l’alliance a dépassé le stade de la maladie grave pour atteindre celui de la mort clinique.
Cheikh Yérim Seck