Les promesses de belles récoltes dans la filière riz, annoncées il y a quelque temps dans la vallée du fleuve Sénégal, risquent d’être tout simplement un mirage. Des milliers d’oiseaux granivores, qui ont envahi les périmètres agricoles, ont déjà détruit près d’un millier d’hectares. Suffisant pour que les producteurs, la Saed et le Ddr, tirent la sonnette d’alarme. L’Etat venu en appoint a sollicité l’intervention d’un avion mauritanien pour minimiser les dégâts.
Et pourtant…
Il y a quelques semaines, les producteurs de la vallée avaient tiré la sonnette d’alarme lors d’une tournée d’évaluation de la campagne de contresaison sèche chaude. Alors que beaucoup d’acteurs se félicitaient de l’augmentation des superficies emblavées et d’une éventuelle augmentation de la production de riz, ces producteurs avaient attiré l’attention de l’Etat sur la nécessité de sécuriser la production face aux risques d’attaques des oiseaux granivores. Leurs craintes ont été confirmées ces derniers jours, avec des nuées d’oiseaux qui ont envahi les zones de culture et attaqué presque toutes les spéculations.
Suite aux différentes alertes qu’ils ont lancées, le Directeur général de la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta (Saed) et le Directeur régional de développement rural (Drdr), Amadou Baldé, ont effectué une tournée dans des périmètres pour constater l’ampleur des dégâts et organiser la riposte. Au terme de cette visite, le Dg de la Saed, Aboubacry Sow, a fait savoir en effet, qu’il y a une pression aviaire extrêmement importante dans la vallée.
Il a souligné que pendant la contresaison sèche chaude, des superficies exceptionnelles ont été mises en valeur dans la vallée où au total plus de 50 000 ha, toutes spéculations confondues, ont été emblavés, sur lesquels il y a 49 500 ha effectifs de riz. Ce qui, selon le Dg de la Saed, reste important aussi bien en termes de mise en valeur, qu’en termes de productions attendues, si on arrive à sécuriser la production. Cela, via une lutte efficace contre les oiseaux granivores qui peuvent créer beaucoup de problèmes, souligne-t-il.
Dans ce sens des dispositions sont en train d’être prises, à en croire Aboubacry Sow.
La Mauritanie à la rescousse des producteurs
Le gouverneur de Saint-Louis a été aussi impliqué, selon le Dg de la Saed, qui a fait savoir que ce dernier les a informés que l’avion de lutte anti acridienne de la Mauritanie survole aussi le territoire sénégalais dans le cadre de ses opérations de lutte. En plus de cela, la Saed a pris des dispositions particulières en utilisant des drones dont les essais n’ont pas été certes concluants, mais seront corrigés.
D’autres tests seront effectués avec les drones, informe Aboubacry Sow, qui estime qu’à défaut de ça, le Sénégal doit se doter d’un moyen autonome de lutte. Le chef du service régional du développent rural a de son côté fait savoir que le comité de lutte anti aviaire, composé du Comité interprofessionnel de la filière riz (Ceriz), des producteurs et d’autres organisations, a fait beaucoup de sorties pour prendre en charge la situation.
Des rencontres ont été aussi organisées avec des producteurs mais aussi avec la partie mauritanienne
Amadou Baldé a indiqué que la Direction de la protection des végétaux (Dpv) a organisé déjà 102 sorties dans les départements de Dagana et Podor. Il a toutefois reconnu que les résultats escomptés n’ont pas été obtenus à cause de la forte pression aviaire provoquée par l’augmentation fulgurante des superficies emblavées.
M. Baldé souligne par ailleurs, que le Covid-19 a rendu difficile la coordination de la lutte commune que les deux pays ont l’habitude de faire face aux oiseaux granivores. Il a cependant expliqué que grâce à l’intervention du président de la République et du ministre de l’Agriculture, un avion de l’Armée mauritanienne fera des interventions en terre sénégalaise dans les zones dortoirs des oiseaux. Cela ne signifie pas, selon le Drdr, que le Sénégal n’a pas de moyens, car il dispose de deux avions qui sont tombés en panne. Des engins qui, d’après le Drdr, doivent être remis en marche pour sécuriser la production.