Tabaski ne doit pas rimer avec maltraitance animale car nous dit le hadith : «Allah a prescrit la bienfaisance (ihsân) en toute chose». Plusieurs autres hadiths comportent l’expression : «Craignez Allah à l’égard de ces bêtes muettes» ! Et un autre nous dit : «Pour tout bienfait à l’endroit d’un être vivant, il y a une rétribution». Cela veut dire que la crainte d’Allah (Taqwaa) ne se réduit pas aux relations interpersonnelles mais déborde ce cadre pour concerner aussi nos relations avec les animaux. Surtout que la fête du sacrifice, ce n’est pas la fête du mouton ! C’est un acte qui doit témoigner de notre volonté de nous rapprocher du Créateur et Maître des mondes. Et ce, en se rappelant la soumission exemplaire dont Ibrahim a fait montre ainsi que son fils Ismaël (paix sur eux).
Tabaski doit rimer avec bientraitance animale car bien traiter les animaux notamment les bêtes destinées au sacrifice est une vertu pleinement musulmane. En effet, ce faisant, on se conforme aux enseignements et injonctions du prophète Muhammad (SAWS) de Taqwaa, de bienfaisance, de compassion, etc. C’est ainsi que le prophète (SAWS) a interpellé celui qui a étalé la bête puis s’est mis à aiguiser son couteau en ces termes : «veux-tu le sacrifier deux fois !».
Les services de L’ État et des Communes doivent exercer un contrôle rigoureux au niveau des « Daral » (espace où on entasse les bêtes) pour s’assurer de la bientraitance des bêtes sur place : nourriture, santé, aération, ensoleillement, hygiène, etc. Et que les vendeurs s’abstiennent de « gaver » leurs moutons pour leur donner un poids qu’ils ne supportent pas et qui peut même être mortel. Sans oublier les conditions de transport souvent peu ou pas du appropriées : les motos, capots de véhicules, etc.
En zone urbaine, il vaut mieux laisser le mouton chez le vendeur, si on n’a pas un lieu approprié chez soi pour s’en occuper correctement, jusqu’au jour du sacrifice. Ce jour arrivé, il convient d’éviter de stresser la bête par des gestes brutaux ou autres et de procéder proprement au sacrifice avec un couteau bien aiguisé et adapté loin des moutons non destinés au sacrifice.
Il est nécessaire de bien s’occuper des viscères et autres déchets après le sacrifice, de ne pas les jeter ni les ensevelir n’importe où et/ou n’importe comment. Les dispositifs de ramassage sont du ressort des services de l’Etat et des communes. Mais chacun de nous peut être propre chez lui.
Pour mieux comprendre la sévérité de la punition qui est mentionnée dans les hadiths à l’égard de certains actes de maltraitance animale ainsi que la grande rétribution promise aux bienfaisants, il convient de réfléchir à ces propos sublimes du romancier Milan Kundera : «La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c’est ici que s’est produite la faillite fondamentale de l’homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent.»
Dans cadre, nous dénonçons vivement et demandons aux pouvoirs publics d’agir contre la vente des petits de mouton « mboté » non encore sevrés, arrachés à leurs mamans pour être vendu. Nous demandons aussi aux populations de ne pas acheter pour arrêter cet acte de maltraitance animale. Nous disons de même pour les oisillons entassés dans de petites cages et trimbalées en ville. Tous responsables.
Imam Makhtar Kanté
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